Effet boule de neige

Il fait beau. Un peu froid certes, mais la journée va être belle.

C’est le week end, il a neigé un peu. C’est doux et je me sens bien.

Et puis, au cours de la journée, LA phrase. Pas dite pour faire mal, assurément, pas faite pour blesser non plus.

Mais elle a des épines. Par paquets. Elles tracent leurs sillons (les salopes) et viennent ternir le tableau.

Et l’anodin devient du qui fait mal, du qui pique et brûle au dedans.

Il donnerait presque envie de s’engueuler à en faire trembler les murs, pour faire sortir ce qui fait un mal de chien.

C’est rien, trois fois rien mais ça fait effet boule de neige à l’intérieur. C’est froid, ça roule de la tête puis fonce droit vers le cœur. C’est ridicule tellement c’est rien. Mais c’est là, insidieux, présent.

On est grands, on est adultes, on peut se parler, on pourrait mais non. C’est l’enfant tapi qui prend. Et il ressasse, encore et encore.

C’est drôle au fond, comme on est différents, comme on ne voit pas les choses de la même manière, comme nos expériences sont opposées parfois. C’est fou comme on se nourrit de choses différentes, qui ressortent plusieurs mois plus tard, différemment pour l’un et pour l’autre.

La communication qu’ils disaient….

Si seulement

J’aimerais que Paris soit toujours aussi doux que ce week end.

J’aimerais que nos dimanches ressemblent toujours à celui ci : du soleil, de la douceur, des amis , du rire, un bon repas. Une évidence.

J’aimerais que nous arrivions toujours à rire comme ça. Pour tout, pour rien, comme des enfants.

J’aimerais que nous nous aimions toujours comme ça. Doucement, sincèrement, fortement.

J’aimerais qu’il y ait toujours au fond de mon être cette paix qui me fait me sentir dans le monde, légère, heureuse.

J’aimerais que certains week ends ne se terminent jamais.

Des week ends comme celui ci où tout semble simple, fluide, follement printanier.

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Nostalgie baby

Elle / Il aurait 2 ans et des poussières d’étoiles.

Elle / Il s’appellerait  Céleste / Gustave pour moi ; Lou Ann pour son papa (car ce serait la fille à son papa).

Elle / Il serait baptisé-e civilement. Sa marraine serait une féministe affirmée, défenseure de la laïcité (comme môman), son parrain serait un geek, doux rêveur et grand voyageur (comme pôpa).

Nous aurions fait, évidemment, des tonnes de photos. Nous aurions même eu le temps d’en faire de belles avec Papi Jean, trop tôt disparu.

Nous nous serions posés, aurions aménagé notre nid, enfin, pour y faire pousser doucement notre enfant. Les mamies seraient folles, le papinou gâteux.

Enfin, nous aurions construit notre famille.

Je rêve….

A l’infinie souffrance a succédé l’indifférence. Je pouvais tout entendre, regarder les enfants  des autres sans avoir le ventre qui se serre, supporter sans difficultés les discussions sans fin de mes collègues jeunes mamans. Mes parents d’abord très insistants (pour une reprise de FIV) ont lâché et fait leur deuil. Ma belle mère ne m’achète plus de livre sur l’adoption. Nous n’en parlons plus, pas même avec mon Népou.

Mais cela me revient comme un boomerang en pleine face.

Tout ça. Il faut dire qu’il est des souffrances difficiles à digérer, à intégrer et à oublier.

Le besoin de donner de l’amour, l’envie d’avoir un enfant avec mon homme, un autre nous deux. Avoir une famille, enfin, qui nous ressemble, un projet de vie qui nous porte, qui donne un nouveau sens à notre histoire de couple.

Il est définitivement trop tard, je le sais très bien et je l’ai intégré. Mais je contemple ma vie et je nourris une somme de regrets. Dont celui de ne pas avoir d’enfant.

En avoir un aujourd’hui relève du miracle, accepter et accueillir la vie telle qu’elle est, devrait être mon chemin.

Un difficile chemin.

 

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Vivante

Je me sens vivante lorsque mon mari est près de moi. Lorsque nous partageons les mêmes activités, les mêmes envies, les mêmes projets.

Je me sens vivante lorsque je suis dehors. Tout autour de moi les montagnes, la forêt qui se teinte doucement et le chant des oiseaux comme une douce mélodie.

Je me sens vivante lorsque je suis dans le jardin, lorsque je gratte la terre, la prépare et me projette déjà dans le « ce que ça donnera ». Ici des fleurs, là des plantes aromatiques…

Je suis vivante lorsque nous allons ensemble repérer la chouette effraie, un animal que j’affectionne. Que nous restons plantés là, pauvres humains, à la regarder tourner la tête, encore et encore, rentrer dans son nichoir et que nous scrutons sa sortie. Suspendus à ce moment.

Je suis vivante lorsque je vais à un spectacle et qu’unanimement nous rions. Dans une communion que je n’avais pas connu depuis longtemps, rempart contre cet extérieur si triste.

Je suis vivante dans ma maison, mon cocon, que par touches nous rénovons et faisons évoluer avec qui nous sommes aujourd’hui.

Je suis vivante dans cet instant, lorsque j’aligne les mots ici. Des mots pour me mettre en connexion avec moi, des mots pour m’aligner, des mots pour m’aimer.

Missions

Longtemps j’ai pensé que ma mission familiale était de faire en sorte que mes parents restent ensemble. Malgré les difficultés nombreuses, une vie de famille chaotique, mes parents savourent leur retraite et leur vieillesse ensemble, de manière apaisée.  Je m’en réjouis car il me semble qu’ils reviennent de loin, que notre famille a mis des années à vivre ensemble sans acrimonie, à s’accepter, à se témoigner de l’amour.

Ma mission professionnelle ensuite a été de terminer ce que ma mère avait commencé. C’est à dire de travailler dans le social, comme elle et de poursuivre, tandis qu’elle avait tout plaqué pour suivre mon père. Il m’a fallu quelques heures de divan pour comprendre cela. Cette mission inconsciente que je m’étais collée sur les épaules, à la fois pour plaire à ma mère et pour vivre à sa place ce qu’elle avait quitté à regret.

Tout cela étant fait, je me demande ce qu’il me reste.

Je donnerais beaucoup pour m’orienter vers un secteur d’activité moins chronophage, énergivore. J’ai fait mon temps, partagé mes compétences, donné ce que je pouvais et plus encore.

Ma vie à moi est un petit puzzle dont je n’arrive pas à rassembler les pièces.

J’ai choisi un homme absent, tout comme l’était mon père. Je dois travailler sur cette absence, travailler sur cet amour et cette reconnaissance qui m’ont toujours manqué et que mon père n’est pas en mesure de donner aujourd’hui, ni mon Népoux en mesure de réparer.

Je dois travailler à l’acceptation. Faire avec qui je suis. Me donner cet amour qui m’a toujours cruellement fait défaut, vivre avec moi dans la bienveillance et ne pas attendre des autres qu’ils m’apportent tout, comblent tout.

Je sais que tout est là, tout réside dans ces faits là. Trouver ma voie, enfin, finalement, ne penser qu’à moi après avoir toujours fait passer tous les autres « devant ».

Mais c’est fichtrement douloureux.

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Des instants

Mon Namoureux et futur Népoux qui m’offre LE parfum pour notre mariage

Ces quelques instants dans son bureau pour me parler de son couple qui prend l’eau

Cette formation si riche, dans un groupe bienveillant et hyper dynamique

Ma cousine qui m’oublie pour mes 40 ans

Tous mes collègues qui ont pensé à mes 40 ans

La chanteuse qui nous lâche 6 semaines avant le mariage (pétaaaasssssssssse !!!!!!)

Des invités qui n’ont toujours pas répondu 6 semaines avant le mariage (Argh)

Mon cœur qui fait boum quand Christie me nomme sa lovely Cloudy (j’admiiiire Christie !)

Ma vie tourne un peu autour du mariage… au point que je me demande si je ne vais pas faire un wed’blues à l’issue de celui ci…

Une découverte

Des affirmations ?

Je n’ai plus mal en regardant les ventres ronds des femmes enceintes. Je n’ai plus de pincements au cœur en regardant mes filleules virevolter autour de moi. Je ne suis plus tendue lorsque je dois répondre que je n’ai pas d’enfant, oui j’aimerais en avoir mais pour le moment je n’en ai pas (comprend qui veut). Je ne suis plus en colère contre moi et le reste de la terre.

Je continue à consulter les blogs traitants du sujet. Je prends de l’info, m’informe, apprends de l’expérience des autres. Nous nous soutenons, bien que nous ne nous connaissions pas. Cette communauté d’âmes me fait du bien. Elle seule sait vraiment.

Je n’en ai pas terminé avec les questionnements nombreux. Ceux qui viennent interroger le corps, l’âme, le couple, le désir, les projections multiples. Pour exemples : pourquoi nous ? si nous n’arrivons pas à avoir un enfant, cela signifie peut être que nous n’en voulons pas inconsciemment ? notre couple va-t-il tenir sans enfant ? qu’est ce qu’une famille sans enfant ? est-ce que je vais m’accomplir en tant que femme si je n’ai pas d’enfant ? que va-t-on me renvoyer et est-ce que je suis assez forte pour le supporter et le surmonter ?

Nous sommes confrontés, nous infertiles à de quotidiennes épreuves. Bien plus sans doute que les autres parents en devenir, pour lesquels faire un enfant ne se réfléchit pas, ne se planifie pas et surtout n’a besoin de nulle autre intervention que celle de deux corps qui se rencontrent.

J’ai mis mon corps à l’épreuve, j’ai eu mal. Je me suis plus d’une fois torturée. J’ai pleuré, juré, maudit. J’ai lu, rencontré des spécialistes et quelques charlatans aussi qui ont épongé mes larmes, fait quelques promesses et pris allègrement mon argent.

Plus d’une fois, j’ai revisité mon histoire, notre histoire. De ma première grossesse, à la première tentative de Fiv jusqu’au cuisant échec de la seconde.

Je ne sais pas si je suis tout à fait au clair…

Pour autant, de nouvelles forces vives m’habitent. Celle physique qui m’a permis de traverser tout cela (et j’en remercie mon corps), celles de mon couple toujours debout.

L’épreuve m’aura appris sur moi, sur nous.

 

Un petit tour et puis…

Les levers à 6 h pour être au labo à 7 h et attendre avec d’autres compagnes d’infertilité d’infortune.

Les RDV avec la gynéco et la question lancinante : en me voyant, elle pense aux prochaines vacances que je vais contribuer à lui payer ou à mes ovaires ?

La succession d’infirmières à domicile, dont on ne se souvient pas du nom et pas exactement du prénom, il y a juste celles qui savent piquer et les autres.

Les mensonges, les réponses évasives, sur ces congés pris sur le fil, sur ces invitations refusées à la dernière minute.

Les marques sur les bras, sur le ventre. Une chance que cela se déroule l’hiver pour n’avoir pas à justifier des manches longues.

Les seins lourds et douloureux, le ventre ballonné et tendu, l’impression que si on appuie trop fort dessus, il va se briser en mille morceaux.

Les nuits sans sommeil, à se demander ça et puis ça et encore ça…

Certaines relations qui se ternissent un peu, parce que la fatigue, parce que la lassitude, parce que le doute, parce que la peur.

Les remarques : « L’infertile dans le couple, c’est qui ? » (réponse : le poisson rouge connard), « Tu sais, élever les enfants, c’est du boulot aussi » (nan ?!!!! sans déconner !!!).

Les questions lourdes « Ça fait mal, non ?? C’est fatigant ? Ça se passe comment ? Tu sais je me rends pas compte » (bah essayes pour voir).

Le regard embarrassé de la maman de la dame qui pense qu’elle ne sera jamais grand-mère, le réconfort maladroit de la maman du monsieur qui a déjà deux magnifiques petits enfants.

La réunion où il n’y a que des femmes et où pour clôturer le sujet du jour, on érige un « on est entre femmes, entre mères ici ». Avoir envie de prendre ses affaires et de les foutre à la gueule de cette pauvre naze et réprimer une profonde envie de pleurer.

Le silence des copines qui sont mamans et qui secrètement se bénissent de n’avoir pas à supporter tout ça, la distance respectueuse des autres, la distance gênée des dernières qui ne savent pas quoi faire de ce « malheur » .

La FIV, ce moment hors du temps, avec la salle d’attente au milieu de la maternité… avec des parents. Ceux prêts à avoir un enfant, ceux qui viennent d’en avoir un. Et nous.

La salle de repos commune, 5 couples qui attendent les résultats au réveil, un peu comme les résultats du Bac, qui aura l’excellence ? Pas nous. Les couples qui attendent dans le silence (nous), ceux qui se poilent, ceux qui bavassent à n’en plus finir et les derniers (pathétiques) qui s’engueulent.

L’attente, qui crée de la crispation entre nous, de la tension. Chacun gérant ses angoisses comme il peut, avec qui il est, avec ses armes, ses modestes outils.

L’attente, encore, des résultats sur internet puis pas, puis l’attente DU coup de fil.

LA réponse à encaisser.

La déception, la douleur sourde. Dans le ventre, dans le cœur, au plus profond de l’âme. Les larmes pour laver, pour purifier, pour éteindre les feux nombreux qui attrapent tout l’être.

Les deuils qu’il va falloir faire : celui de la maternité, celui de la famille, celui des rêves. On efface les prénoms choisis depuis plusieurs mois, le nom du parrain et de la marraine, les invités au baptême, la couleur de la chambre, les multiples projections (aura t il les yeux bleus de sa maman, l’humour de son papa, la ténacité de sa grand mère…).

Remercier ceux qui ont été là. Catherine, M et C. L’infirmière de la salle de réveil toujours aussi douce, aussi prévenante et charmante.

Effacer puis tenter d’oublier ou pas.

News from the world : July

Juillet familial

Être présente auprès des cousin-cousine en cours de séparation. Bizarrement, cette épreuve nous a rapproché, permis de recréer du lien, de nous parler autrement. En vérité, avec le cœur. Pour se dire la douleur, mais aussi le soutien et l’amour. Ce que je croyais solide ne l’est finalement pas tant que ça… J’apprends que personne n’est jamais à l’abri.

Accompagner une grande tante en fin de vie. La voir dans la souffrance et la maladie me renvoie à tant de choses… A la vie qu’il faut investir à chaque instant, à ce que je vivrai seule lorsque mes parents eux mêmes vieilleront, à mon rapport à la mort. Ces instants ne sont jamais anodins, ils nous replongent dans notre histoire familiale, dans les liens que nous avons réussis à tisser et dans ce que nous avons raté. Pour ce qui nous concerne, nous avons raté beaucoup de choses…

Juillet professionnel

Il était temps mais j’ai renoué un dialogue de qualité avec Vénérable Directrice.  Je suis heureuse car la situation me pesait et me posait question. Elle a validé les 3 projets sur lesquels je me suis positionnée pour la rentrée et a appuyé ma demande de formation auprès de la RH. C’est un nouveau début encourageant.

Juillet paramédical

Un charmant magnétiseur qui a observé avec son pendule que j’étais peu reliée à la terre (tu m’étonnes !!!), « vous êtes préoccupée par votre famille, elle prend trop de place » (sans déconner !!!!). Il a travaillé sur mes énergies qui partaient dans tous les sens et les a toutes remises dans le droit chemin. Ben ça va vachement mieux.

Mon ostéo que j’aime d’amour (hum). Il est trop mignon lui. Il me parle peu mais parle à mon corps et le remercie à chaque fois qu’il trouve une solution. Tandis qu’il me replace la mâchoire et que j’en pleure, lui remercie. Pareil pour mon dos  sur lequel il appuie avec  force et détermination. J’en ri de douleur (ouaip suis comme ça moi) et lui, poursuit ses incantations à mon corps. « Vous vous connaissez toujours aussi mal (que répondre à ça ???), vous gâchez vos potentiels ». Ah ?! J’ai des potentiels. Quand je lui demande lesquels, il me répond non sans ironie « Cherchez, tout est planqué à l’intérieur de vous ». Amen.

Juillet actualités

Le tour de France, Tapie, les Femen, un train qui déraille en Espagne, les JMJ, La Syrie, L’Egypte, La Tunisie, la météo, la naissance royale, les gens du voyage, DSK again and again, le niqab, Bernadette Lafont, Nabilla again and again. Je ne t’en parle pas, tout a un degré ou un autre m’a profondément choquée, heurtée, énervée, inquiétée.

Juillet tranquille, tropical, juillet de contemplations, de réflexions. Juillet en suspension…

Des déchirures

Cousine  préférée a décidé de quitter le papa de ses deux petites filles, son compagnon depuis 20 ans.

Cousin préféré divorce après 20 années de vie commune, dont 5 années de mariage.

Comme il est douloureux de voir ceux que l’on aime se déchirer, se faire du mal, souffrir. Cela d’autant plus lorsqu’on a été associé de près ou de loin à tous les petits et grands évènements de leur vie.

Nous devons respecter la parole de chacun, ne pas prendre parti et protéger les enfants. Être présent, sans être oppressant. J’ai à l’esprit que ma famille change et que nos relations ne seront jamais plus les mêmes. Il y aura un avant et un après.

Au fil du temps, nous découvrons des choses que nous ne soupçonnions pas, des êtres qui se révèlent dans l’épreuve qu’ils traversent. Et nous devons composer, avec la situation, avec la déception aussi.

Quels sont les secrets d’une vie de couple réussie, comment faire pour garder toujours vivace la flamme, comment font ces couples qui semblent avoir tout surmonté ensemble ?

Je me demande.

Dans mon couple, je suis toujours en alerte. Pour tenter de ne pas plomber le quotidien, pour ne pas me laisser happer par les habitudes, pour créer des moments festifs. Je fais de mon mieux pour communiquer, même si c’est loin d’être mon point fort. D’ailleurs,  je n’y parviens pas toujours. Reconquérir, réinventer le quotidien, se surprendre, voilà qui n’est pas chose aisée.

Que faire alors que l’on pensait avoir tant en commun avec un homme-une femme, lorsque l’on a construit sa vie et ses projets avec lui-elle mais qu’avec les années, on ne se reconnait plus, on s’éloigne par la force des choses, sans forcément s’en rendre compte, que l’on ne se supporte plus ?

Construire autrement et ailleurs ?

Peut être…

* Lecture du moment : Intimité de Kureishi