Courir après lui, tout le temps

Trois soirs par semaine, je me rends à la maison de repos pour la visiter. Je rentre tard. Je commence par m’écrouler. Je prépare le diner, puis le repas du lendemain et ensuite je me pose un peu pour écrire ici.

Un soir par semaine, je vais faire mes courses. Et rebelote. Ecroulage, cuisinage, écrivage.

Je m’accorde un soir par semaine. Pour les RDV divers et variés ou pour moi. C’est selon.

Lorsque je peux m’accorder du temps, je médite, j’écris dans mes nombreux carnets ou bien je téléphone.

Les weekends où je suis seule, je m’occupe de ma maison principalement, je m’aère, je vois les rares amis qu’il me reste, j’essaye de faire baisser ma liste de livres à lire.

Il me semble, que malgré mes efforts, pour rationaliser, je n’ai jamais le temps. Il me manque.

A la table du petit déjeuner, dans la salle de bain, le midi, le soir, le week end et plus que tout lors de mes congés ou vacances.

J’ai entendu cette semaine, que le temps nous parait plus long à mesure que nous vieillissons car nous vivons de moins en moins de premières fois.

Il semble que ce soit le cas pour moi…

 

J’ai un filleul…

J’en ai 4 en réalité.

Deux grands garçons et deux ados, des filles.

J’ai, je dois le dire, un petit faible pour lui.

Lorsqu’il était enfant, nous ne nous entendions pas très bien. Nous ne nous sommes pas vraiment rencontrés. Je l’avoue ici, avec une pointe de honte, je me suis tenue très éloignée de cet enfant bruyant (et si tu me suis, tu sais à quel point le bruit me fait fuir !), très bouge-bouge (non je n’ai pas écrit hyperactif), qui me regardait sans me considérer vraiment.

Son enfance a été agitée. C’était un enfant colérique, qui parfois, pouvait se mettre dans des colères noires qui le conduisait à se blesser. J’en ai été peinée pour lui. Et j’ai pensé secrètement au fond de mon cœur (oui c’est mal), que je serai bien incapable de gérer un tel enfant, qui était tout sauf un cadeau.

Ado, j’allais parfois le chercher au collège. Avec moi, il était mutique. Dans la voiture nous écoutions du rap, « ça va ? mmmmh ». Nous nous en tenions donc à cela.

Il a vécu, comme moi, des années scolaires très difficiles. Il n’y trouvait pas sa place, son seul souhait étant d’être dehors, dans la nature.

Et puis, il a trouvé la bonne filière. Une filière technique qui lui a permis aussi de rencontrer des patrons avec lesquels il s’est entendu immédiatement, qui ont pris le temps de le former techniquement et de le faire grandir.

C’est un jeune homme engagé dans le travail. Il a toujours été recommandé par un employeur à un autre, a cumulé dans sa courte vie plus de CDI que moi. Il s’est révélé. Aidé bien sûr par toutes ces personnes qui lui ont ouvert des portes vers l’extérieur et vers lui même.

Il a repris des études, il a voyagé en Europe (plus que moi !).

Aujourd’hui, c’est un homme que j’ai un infini plaisir à côtoyer, à connaitre vraiment.

Nous avons passé quelques jours de vacances ensemble ces dernières années. Chez lui. Et je suis bluffée de voir quelle magnifique personne il est. Attentif, curieux de l’autre, à l’écoute, généreux, un ami fidèle. Bien sûr, il y a ce grain de folie de l’enfance qui est toujours là. Son besoin de bouger, de découvrir le monde, ses fantaisies parfois couteuses. Mais il prend la vie par tous les bouts, il profite des instants, il fête tout ce qu’il peut fêter.

Il s’entend merveilleusement avec le Népou, qui l’apprécie énormément aussi. Et ça aussi, c’est un cadeau pour notre famille.

A chaque fois que nous nous voyons, j’ai ce petit pincement au cœur. Celui qui me dit, « toi, tu ne vivras jamais ça ». Le bonheur d’avoir dans ma vie un bel être à aimer, qui s’épanouit, grandit de la plus jolie des manières, vient mettre du soleil dans ma vie à moi…

 

 

Qui sommes nous « vraiment » ?

J’ai repris mon activité d’accompagnement.

Pas forcément comme je voudrais, pas forcément de manière sécurisante pour moi. Mais sans doute, dois-je renoncer à cette forme de perfection vers laquelle je tends toujours et qui, peut être, n’a pas lieu d’être.

J’accompagne des personnes en activité. Principalement des techniciens de terrain et des cadres, dans le domaine social et le médical. Et comme précédemment, essentiellement des femmes.

Depuis 15 ans que  j’accompagne et quelles que soient les personnes reçues (mère de famille, personnes en grande précarité, cadres…), je dresse le même constat alarmant : les femmes n’ont pas confiance en elles ; elles ne sont pas conscientes de leurs compétences, de leurs talents ; elles ne s’autorisent pas (à être encadrante, à prendre des décisions, à partir, à rester, à dire non). Elles cumulent les casquettes (professionnelle, mère, femme, encadrante, femme de, fille de ….) et se perdent.

Clairement, les personnes qui viennent jusqu’à moi ne vont pas bien. Le corps lâche, le psychisme est sur la corde, le travail n’est pas ou plus satisfaisant. On flirte avec le burn-out. Mais on tient, on avance contre vents et marées. A quel prix…

Il faut dire que le rythme du travail aujourd’hui (mais depuis hier déjà) ne correspond pas aux rythmes des êtres. Nous courrons toutes et tous. Après une réunion ; pour appliquer des décisions, le plus souvent iniques, prises plus haut ; pour mettre en place des projets (alors que les précédents n’ont pas été évalués) ; pour avoir des résultats ; pour économiser trois francs six sous.

Le marché du travail est implacable, il faut être irréprochable, entrer dans des cases, être l’employé PARFAIT.

Je suis toujours bluffée, et attristée surtout, par la manière dont ces femmes s’envisagent, par le peu d’intérêt qu’elles s’accordent, par la censure qu’elles s’imposent pour évoquer leurs savoirs, leurs savoir-faire, leurs compétences, le plus souvent très vastes.

Savent-elles seulement la densité qui est la leur ? Combien leur parcours est impressionnant, riche, beau. Pourquoi ne sont-elles pas fières d’elles, de tout ce qu’elles ont accompli ?

De qui ELLES SONT ?

Car elles sont : des mères, des femmes de, des professionnelles engagées, des responsables de service. Des personnes passionnantes, qui portent une histoire personnelle et professionnelle, des valeurs, des croyances fortes.

En parlant d’elles, je parle de moi bien sûr. Nous sommes toutes et si souvent dans l’excuse d’être qui nous sommes et surtout dans l’excuse de qui ne nous sommes pas : une femme parfaite, une professionnelle exemplaire.

L’année précédente m’a permis de progresser dans ce domaine et je mets toute mon énergie au service de celles que je reçois afin qu’elles acceptent (enfin) d’être qui elles sont vraiment. Avec des ombres, des incertitudes, des doutes. Mais elles sont tellement importantes ces aspérités qui nous rendent uniques. Ensemble, nous construisons un chemin qui doit leur permettre de conscientiser et revendiquer toutes les forces qu’elles déploient au quotidien. Afin qu’elles en soient fières, qu’elles se reposent sur elles pour construire un parcours professionnel qui leur correspond !

Petit à petit

Acheter des livres

Celui de Christie sur l’Ikigai. Une vraie découverte, un vrai bon moment de lecture. Merci Christie !

Celui d’Elizabeth Gilbert sur la créativité « Comme par magie ».

Déposer ma demande de formation sur les pratiques narratives.

Avancer.

Doucement.

Me rassurer.

Pression

En fin d’année dernière, je me prêtais à mon exercice préféré, la rétro.

Un exercice étourdissant, pas forcément agréable.

En dépit de certains évènements, malgré des épisodes franchement douloureux, à regarder cette année écoulée, je l’ai trouvée belle.

Alors, lorsque 10 jours avant ce fatidique 31, je me suis rendue compte de cela, de l’accompli et du non-accompli, je me suis sentie aspirée dans une spirale douloureuse. Laquelle spirale m’a d’ailleurs conduite à être malade (mon corps me parle, 1000ème).

2018, me met une pression monstrueuse. Pour la 1ère année, je n’ai pas de projet. Lire AUCUN projet. C’est une situation particulièrement anxiogène pour moi. Un vide immense que je me dois de « remplir ».

J’ai des envies, des besoins, bien sûr. Immenses même. Mais je ne sais pas de quoi je vais faire cette nouvelle année. Quelles matières, quelles couleurs, quels sentiments, quels choix.

C’est peut être un détail pour vous… mais pas pour moi…

Un nouvel élan se prépare, indéniablement, je sens que des « choses » me quittent et que de nouvelles m’arrivent, l’air de rien, sur la pointe des pieds.

Cette notion de devoir est nouvelle pour moi, depuis sans doute que le cancer est venu  foudroyer notre famille une nouvelle fois. Je ressens une certaine urgence à vivre, ou tout du moins à mieux employer mon quotidien.

 

 

De l’humain

Une nuit écourtée. Merci la trachéite… Des valoches sous les yeux, l’humeur massacrante.

Pas l’envie d’y retourner, de faire des bises, de formuler des vœux, de voir du monde tout simplement, de m’installer dans ce bureau si vaste et doux, que je vais devoir quitter, à mon grand désespoir,  d’ici 15 jours…

Et puis et puis…. Elle.

Elle avec sa voix d’enfant, son parcours parsemé d’embûches, ses trois pas en avant et cinq en arrière, son regard fuyant, craintif.

La confiance qu’elle m’accorde, aveuglément.

Elle et sa peur de me décevoir.

Je souris toujours lorsque je les entends me demander si je suis déçue.

Je ne le suis jamais.

J’ai tellement tergiversé moi aussi, je me suis tellement cherchée, j’ai tellement reculé, si souvent.

Alors non, je ne suis jamais déçue. Je suis comme elle, comme les autres, tous les autres. Je ne suis au dessus de rien et elle, contrairement à ce qu’elle pense, inférieure à personne.

Au moment de nous quitter, elle sort de son sac deux paquets. Deux cadeaux.

L’humain est là.

Dans la larme qui coule, dans le cadeau donné, dans les remerciements murmurés, dans la gêne, le plaisir, dans l’au revoir.

L’humain, toujours. Celui qui donne sens à cette mission si difficile parfois. Écouter, accompagner, orienter, réconforter, revaloriser.

Je retrouve l’étincelle qui, la coquine, me quitte parfois… pour mieux revenir.

 

Let’s started

L’énergie qui m’habite, pour aborder cette nouvelle année, est quasi nulle. Rien à voir avec la gastrite ou la trachéite qui squattent mon corps… Non vraiment.

C’est que 2017 était bien finalement. J’ai eu du mal à la laisser partir. Certes, il y a eu des moments franchement moches mais au global, cette année a été très formatrice. J’ai monté une marche vers moi, plus que jamais je crois…

Alors, se projeter dans l’inconnu, c’est un peu difficile.

Incompréhensible cette paralysie, ce manque d’envie, ce vide.

Il va me falloir challenger dès demain…