Je mange

Quand ma belle mère, qui vient une fois par an chez nous, m’appelle pour me dire qu’elle a calé son planning de visite… »Est ce que ça te va ? ». Comment te dire…

Quand l’enfance me revient comme un boomerang dans la gueule et que la petite fille saigne de ce qui n’est pas cicatrisé.

Quand l’injustice est tellement grande et criante mais que personne ne bouge (pas même moi).

Quand je constate que pour avoir des nouvelles, c’est à moi d’appeler. Tout le temps, invariablement.

Quand je n’ai pas de solution pour moi, quand je tourne en rond, quand je me sens « improductive ».

Quand je suis en période down. Fatiguée, le cheveu plat, l’œil de qui se défrise, la bouche en banane inversée (down quoi).

Quand j’entends les infos (pourtant à dose hyper homéopathique) et qu’elles me flinguent (où va l’humanité bordel de marde ????)

Quand je ne pense qu’à manger et surtout du sucré….

Je mange l’absence, je mange les doutes, je mange les peurs, je mange le vide.

(Sinon, tout va bien t’inquiète 😉

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Conversation intérieure

J’ai besoin de beaucoup dormir = la faute à la grippe dont je peine à me remettre.

J’ai des valoches, la peau qui tire, tout le temps soif, froid, puis chaud. Je suis capable de pleurer devant une pâquerette et d’avoir envie la seconde suivante de dégommer tout ce qui passe = la faute à la pré-ménopause.

Je ne sais pas pourquoi tout cela me fait penser au printemps, qui peine à sortir. Des bourgeons, quelques fleurs puis le froid, puis la pluie.

La pluie me rassure. Elle me donne des excuses. Celle de ne pas sortir, celle de n’avoir pas à partager que je reste chez moi, car ma vie sociale est un innommable désert, je ne parle même pas de ma vie culturelle. Je ne peux pas faire l’aveu que tout me coûte, tout me pèse. Parfois, je déplore ce quotidien dépeuplé de visages, d’amitiés et parfois la solitude est un confort que j’apprécie…

J’aime mon nouveau travail. J’accompagne des personnes qui en l’occurrence sont mes collègues. Nous portons, pour la plupart, les mêmes valeurs fortes de service public. Je peux dire que je fais de vraies rencontres qui me font réfléchir et avancer, autant que je leur donne de grains à moudre. C’est fluide. Fluide et tellement difficile à côté. Quand aurais-je le plaisir absolu et plein de me lever pour aller bosser, pour faire ce que j’ai à faire en sérénité. J’ai peu connu cela dans toute ma carrière professionnelle. Le domaine du social est finalement très auto-centré. Il me semble que nous avons des années lumière de retard. En matière de management, d’anticipation, de projection.

Combien de temps vais-je rester ? La question est plutôt, combien de temps peut-on tenir en équipe réduite, à 40 heures de travail par semaine, sans feuille de route, sans reconnaissance, avec la bride serrée, sans pouvoir se former sur l’année à venir. Fondamentalement, je n’apprends rien. Je fais des rencontres, je me nourris mais c’est tout.

Je n’ai pas l’énergie de chercher ailleurs et pourtant, chaque jour, je pèse le pour et le contre. Pourquoi j’aime certaines choses, fortes, qui font sens pour moi. Comment je fais pour transiger avec d’autres choses qui me paraissent totalement iniques… Je ne sais pas. Je me lève, j’y vais et le lendemain j’y retourne.

Hyper dur d’avoir plus de 40 ans et la peau sèche…

Juillet

Attendre. La pluie, les résultats du bac, les vacances, que ça se calme, d’avoir des réponses, des remerciements (qui ne viendront pas) // Supporter les logorrhées interminables de la mère du voisin et avoir envie de lui foutre mon poing dans sa gueule (de poissonnière) // Faire les soldes et désespérer des fringues proposées, à moins que je ne désespère de moi // Diner avec ma Sev Power (je te surkiffe d’amour) // S’offrir une fabuleuse parenthèse à la montagne. Aimer follement le décor et la paix qu’il m’offre // Chercher. Des réponses, des pistes, des explications // Le pouvoir de la gratitude // Macron. Avec Poutine, avec Trump, avec Angela, avec Rihanna, avec Bono. Sur les Champs, à Versailles, au Touquet, qui fait du sport, qui se prend pour un pilote de chasse… Je vais adorer ce quinquennat aux relents de pognon et me mets progressivement à pencher du côté de Mélenchon et Ruffin // Julie // Les longs week ends coupure, qui font patienter jusqu’aux vacances // Se préparer à accueillir une nouvelle collègue // Avoir des nouvelles rassurantes de ma C. // Les bières avec toi… // Rire. Beaucoup, souvent, peu importe la circonstance // La thalasso des pieds gagnée sur Amazon. (Moi qui ne gagne jamais rien !!!). Méga kiffance //  Savourer les températures en dessous de 26 degrés // S’offrir des robes // Chercher une activité pour la rentrée // Le bruit : du livreur de journaux, tous les matins à 6 h pétantes ; des enfants qui hurlent pour s’exprimer (c’est moi ou bien ???) ; des gens ; dans la rue, dans les jardins, dans les bureaux, sous mes fenêtres… // Les APL, les 3 milliards d’euros offerts à Rihanna, la débandade à l’Assemblée Nationale : vaste rigolade. Je corrige : je vais infiniment aimer ce quinquennat, le Manu et sa BriBri // Avoir envie de me couper les cheveux, de me faire tatouer, liposucer puis renoncer // 3 millions d’amende pour Hanouna : Alléluia !!!! // Dire trop haut ce que je pense et le regretter // Les nanas qui photographient à longueur de journée leur cuisine et sdb sur IG et comptent des 100aines de followers et pas moi : cherchez l’erreur (elle déchire sa race pourtant ma cuisine) // Déplorer la solitude mais rechercher paradoxalement le silence // L’opération de la mâchoire qui s’éloigne définitivement : un an et demi de rééducation, pas mal de douleurs mais une victoire finale (même si le bout du tunnel n’est pas pour tout de suite) //  Des femmes politiques qui se font tabasser sur les marchés, une nouvelle mode française ? // M’emmêler dans mes contradictions // La fin des aides à l’agriculture bio : on n’a pas fini de s’étrangler pendant 5 ans… // Penser à la rentrée, alors que je ne suis pas encore partie en vacances… songer que tout file à la vitesse de la lumière.

 

« Rien que de l’eau de pluie »

Ça se bouscule, ce n’est pas très organisé.

Le travail qui prend toute la place, à nouveau. Car il faut assurer le quotidien, faire ses preuves, travailler pour 2. Depuis février, date de mon arrivée, j’ai travaillé plus souvent seule qu’à deux. Je surnage, c’est tout. Je fais ma place, instaure mes rituels : dire bonjour le matin, au revoir le soir, frapper à la porte du bureau avant d’entrer… des broutilles. Est-ce que j’apprends des choses ? Je ne sais pas. J’assure le quotidien, j’organise les recrutements, je reprends des outils, lorsque j’ai le temps, c’est à dire pas souvent et enfin, j’assure des collectifs. Est-ce que je fais bien ? Personne pour me faire un retour. J’ai tellement envie d’apprendre, de progresser, réfléchir, créer…

Il pleut, sans cesse. J’aime la pluie. Elle me calme, m’apaise, me « lave ». La pluie est mon prétexte. Quand il commence à faire beau. Les gens « normaux », sortent, prennent des verres aux terrasses des cafés, font des barbecues, font des pics-nics au bord des lacs. Moi pas. Je déteste l’été alors que j’adore faire toutes ces choses. Mais c’est moi qui rappelle, moi qui lance des invitations… moi qui pleure l’amitié. Je me déteste de le faire. Je déteste ce trou béant dans ma vie. Le trou de l’amitié, celui qui ne s’est jamais comblé. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui cloche. Je suis cette personne qu’on appelle lorsqu’on va mal. Écouter, valoriser, rendre des services, je sais faire, tellement faire que je me suis souvent oubliée. Mais je ne suis plus celle qu’on invite, celle qu’on a envie d’écouter, avec laquelle on partage. Mes parents ont vécu en autarcie et avec mon Népou, nous reproduisons exactement la même chose. Tout ensemble ou rien.

En ce moment, tout est incroyablement pesant…

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Un mois déjà

Un mois d’une nouvelle vie, un mois de changements, d’étonnements, de tempêtes intérieures.

Un mois où il m’était impossible de venir ici, écrire, poser des mots, prendre du recul.

Je suis la spécialiste de la tête dans le guidon. Et quand je relève la tête j’ai un mois dans la vue.

En mars donc,

J’ai eu 41 ans. Un anniversaire fêté en trois fois, comme pour rattraper les  40 oubliés pour cause de mariage.

J’ai hésité. Est-ce que je reprends le blog, j’ai envie / pas envie, est ce que je quitte FB, j’ai envie, pas envie ? Finalement, je suis de retour ici et j’ai quitté FB.

Je n’ai cessé de relancer. D’anciennes amies, de vieilles connaissances pour reprendre un semblant de vie sociale. Mais je ne dois pas être douée, car personne n’a donné suite. Marri, j’ai nourri colère et rancœur…

J’ai oublié mon ancien travail (et mes anciens collègues) avec une facilité déconcertante mais ils se sont rappelés à mon bon souvenir. Comme si ça ne voulait pas. Comme s’il était impossible de couper ce lien. Un lien trop tout : trop serré, trop lourd, trop étouffant. Et c’est à propos de moi, une fois encore que les choses sont parties. Étonnamment.

J’ai calé mes prochaines vacances. En Islande. Je vais faire du mauvais esprit en écrivant qu’il y a peu de chances (peut être) qu’un avion saute, une salle de spectacle, des trains… Il y fait trop froid pour Daesh … Décidément, c’est vraiment du très mauvais esprit.

J’ai pris des décisions : parrainer une vache, me remettre à écrire, respirer par le ventre, vivre pour moi. Dans un mois j’aurais sans doute changé d’avis…

J’ai mangé. Beaucoup. Grossi. Beaucoup. As usual. Quand la peur, le stress et la colère prennent le dessus, c’est la bouffe qui gagne. Malgré la douleur, j’ai décidé (encore !) de faire dans la méthode Coué : assurer à mon corps que je l’aime de manière inconditionnelle.

J’ai renoué avec la culture que j’avais laissé de côté depuis un certain temps. Cinéma, concert, spectacle, achats de livres (trooooop)…

Il y a un fil conducteur à tout cela. Comme toujours. L’accompagnement. Ce besoin professionnel de créer du lien, d’apporter, transmettre à l’autre. C’est là, que je me sens utile. Et puis, dans ma vie personnelle, il y a cette persistante solitude. Elle signifie sans doute quelque chose mais je ne sais pas la lire, je ne sais pas transformer ce manque, cruel, en une force.

Un mois déjà… Et c’est comme si j’étais entrée dans une autre dimension, une autre vie.

Spirit

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Les fêtes sont passées, la famille repartie.

Je crois pouvoir dire que pour la première fois depuis très longtemps, j’ai apprécié cette fin d’année, j’en ai savouré chaque instant.

Cette année, nous étions de mon côté, mes cousins séparés en cours d’année nous ont rejoint. L’une avec ses deux filles, l’autre sans ses 4 enfants. Un moment difficile pour eux mais que nous avons néanmoins traversé dans la joie et le partage.  Nous avions aussi invité un voisin, seul et sans son fils lui aussi.

J’ai aimé cette fin d’année car l’esprit était là. Cet esprit que j’ai tant et tant de fois recherché dans ma famille et que jusque là je ne trouvais pas. Plus jeune, je me suis souvent dit que mes fêtes de fin d’année à moi ne ressembleraient en rien à ce que je vivais chez moi et qui me paraissait faux et surfait. Nous étions ensemble, sans le vouloir vraiment, le tout noyé sous les cadeaux et des débordements de bouffe, le tout d’une manière empruntée.

Depuis que la configuration de notre famille a changé, depuis que nous nous choisissons, tout est très différent.

Des cadeaux choisis finement (et non pas offrir pour offrir) , un repas léger et gouteux, une belle table, des instants de partage et de rire, où l’on se parle  avec le cœur, la présence des enfants et la place qui est faite à leurs émerveillements, qui rejailli sur les grands.

Pour ce Noël et ensemble nous avons touché à ce but. Mes cousins n’étaient pas seuls, apaisés, en mesure de festoyer, tout en mettant de côté leurs préoccupations et difficultés. Pour ce qui nous concerne, nous avons réussi à rendre ces instants légers et doux pour tous et enfin, nous avons laissé une place à table à une personne seule, qui je crois a apprécié être en notre compagnie.

C’est à cela, je pense, que doivent ressembler les fins d’année.

Avec Namoureux, nous nous sommes réservés une petite soirée rien que pour nous, pour nous créer un moment « bulle », pour nous retrouver et enjamber l’année en tranquillité et en sérénité. Ce dont nous aurons plus que besoin pour ce mois de janvier.

J’espère que le reste de mon année sera à cette image : le partage, la douceur et la joie.

Stratosphère

La violence est venue envahir chacun de mes membres, de la gorge au bout des pieds, en passant par le pouls qui bat fort dans chacune de mes cellules. Une tension extrême, à chaque étage.

C’est une onde de choc, qui de manière cyclique vient m’envahir.

J’explique cela par une accumulation de petits échecs, de déceptions, d’incompréhensions.

Rarement je ne me suis sentie autant « à côté ».

Chaque situation du quotidien m’agace : l’inertie et la violence du « système », la violence des relations, l’absence de communication.

J’ai le sentiment que plus rien ne fonctionne comme il faudrait et je m’étonne d’en être la seule affectée. « On » ne pense pas comme moi… Pas de révolte, jamais un mot plus haut que l’autre. On dénonce dans notre coin et puis on s’en retourne à nos petites affaires. Mais moi je ne peux plus. J’ai perdu le sens.

Aujourd’hui, je suis sortie de ma voiture à une station service, la personne qui me précédait tapait tranquillement sur son portable tandis que je patientais. Je suis allée taper à sa vitre en hurlant, j’aurais pu très facilement lui mettre ma main dans la tronche.

Je ressens l’absolue nécessité de prendre du recul, de la hauteur mais j’en suis incapable. Chaque jour amène son lot de tracasseries qui me plombent un peu plus.

La relative solitude qui est la mienne aujourd’hui est devenue insupportable. A force d’écouter et d’éponger, de toujours m’effacer, on m’a sensiblement oubliée… Je suis bluffée par la facilité qu’on certaines personnes à ne penser qu’à elles.

Si on me demandait comment je vais aujourd’hui la réponse serait : MAL.

Anymore…

Je ne peux plus la vie en pointillé

Je ne peux plus les nuits sans sommeil à me demander de quoi notre avenir sera fait

Je ne peux plus les conversations téléphoniques, tous les soirs, qui disent, sans dire vraiment

Je ne peux plus les voyages, les trains, les valises

Je ne peux plus le froid de l’absence

Je ne peux plus la course effrénée après le temps (pour quoi, pour qui ?)

Je ne peux plus le stress perpétuel, la boule au ventre, l’insatisfaction de ce qui est et que j’aimerais définitivement clôturer

Je ne peux plus écouter,  rassurer, dynamiser tous ces autres qui ne se donnent pas toujours les moyens d’avancer

Je ne peux plus les coupes budgétaires, les restrictions en tout genre, qui imposent une pression, du travail supplémentaire, la quantité au détriment de la qualité

Je ne peux plus l’isolement de ma pratique professionnelle

Je ne peux plus cet intérieur, qui ne me ressemble plus, qui ne nous appartient pas

Je ne peux plus l’attente, les tergiversations, l’absence de décision

Je ne peux plus porter ce corps douloureux et lourd, fatigué

Je ne peux plus le gris qui entoure notre vie, tandis que nous attendions avec impatience d’y mettre du rose ou du bleu…

Je ne peux plus cette impasse