Places

La place qu’il faut se faire, à coup de coude, dans la famille d’abord

Puis dans la famille d’accueil

Dans la faune scolaire : A l’école, au collège, au lycée, à la fac

Dans le champ de l’emploi : l’avant dernier travail, complexe face à tant de professionnels si compétents, si exigeants, si déroutants parfois  ; dans le nouveau travail, complexe face à tant de professionnels…

Avec les hommes rugueux, indifférents

Avec mon Népou

Avec les ami-es

Dans la société si tourmentée

Dans la vie, ma propre vie

….

Trip Blues

Rentrée hier.

Heureuse de retrouver ma maison, calme, rangée, embellie par mon papa qui a peint en mon absence.

Heureuse de trouver mes parents. Je leur ai manqué et j’avoue j’aime bien ça. Qu’on se dise l’amour et le manque.

J’ai toujours du mal avec le décalage horaire. Impossible de trouver le sommeil à 2h du matin. C’est la seconde fois en 40 ans que je pars aussi longtemps et je goûte cela. Il me semble que quelque chose est resté au Québec. Je ne sais pas quoi exactement, le sentiment est diffus mais rarement j’ai eu autant de plaisir à me retrouver là, simplement, dans le silence de la maison.

Pourtant, ce voyage, dont je reparlerai ici a été fort et magnifique.

J’ai réalisé un de mes rêves, me rendre sur ce continent, au Québec, me perdre dans les grands espaces. Quelle chance, quel bonheur que de vivre ces 3 semaines avec mon Népoux.

Rentrer, c’est reprendre pied dans une actualité dont j’avais presque tout oublié. C’est renouer avec un quotidien parfois oppressant, c’est aussi faire face à des difficultés professionnelles, encore et dont je ne parviens pas à m’extraire. Des soucis donc et pourtant, la certitude qu’un ailleurs est possible…

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Mon Îl

Je n’envisageais pas que mon Népou devienne un jour mon ami, mon meilleur ami.

Un Népou pour moi est un compagnon, un charmant, un amant.

En ce moment, le mien joue un peu tous les rôles… malgré la distance

 

Moi et quelques autres…

Je leur demande d’apprendre à se connaître, de poser leurs compétences, leurs points forts. Je les entraîne à parler d’eux, en des mots précis et concis, pour attirer l’attention d’un employeur mais surtout pour eux. Pour apprendre à gagner en confiance, pour être convaincant.

Suis je seulement capable de faire cet exercice ? De dire qui je suis. Qui je suis vraiment.

Je peux dire que je suis une professionnelle de l’accompagnement. Une bonne professionnelle. Il m’aura fallu plusieurs années pour être en mesure d’écrire et penser vraiment cela. Plusieurs années de divan aussi pour comprendre quelles étaient mes motivations réelles, pour avoir plaisir  à exercer mon métier.  Je suis une conseillère emploi méthodique et à l’écoute. Les personnes que j’accompagne savent qu’elles peuvent compter sur mon écoute et ma bienveillance.  Je n’ai plus besoin de signes de reconnaissance, je ne fais plus ce métier pour me réparer, pour travailler dans le social comme ma mère avant moi. Je fais ce métier pour l’autre. Pour lui apporter mon expertise, ma technicité, mon humanité aussi mais sans complaisance ni misérabilisme.

Je suis une femme amoureuse de son mari. De son rire, de ses mots et de ses silences, de ses hésitations et de ses prises de décisions, de ses passions, de qui il est tout simplement. Il y a des choses dans ses manies qui m’énervent. Il est vrai mais ce n’est rien à côté du bonheur que j’ai de l’avoir près de moi (même lorsqu’il ronfle). Nous ne sommes pas un couple tout à fait comme les autres, si l’on se compare à notre entourage. Nous composons plus avec l’absence qu’avec la présence l’un à l’autre.  Mais c’est ainsi que nous nous sommes construits. Est-ce que j’ai peur  ? Oui, tous les jours. Est ce qu’il me manque ? A tous les instants. Est-ce que nous allons surmonter tout cela, tenir la distance sans nous lasser, sans nous trahir. C’est en cela que réside notre défi, celui que nous avons formulé dans nos vœux de mariage.

Je suis un être solitaire, avec peu d’amis. Cette réalité m’a longtemps laissée indifférente, tant j’avais besoin de solitude, de silence pour me retrouver. En réalité, je me suis cachée et me suis menti. Aujourd’hui, cette solitude me pèse. Comment fait-on pour se faire des amis à 40 ans ? Je ne sais pas. Je dois ajouter que mes plus grandes histoires d’amitié se sont toutes terminées dans des circonstances douloureuses. Me faisant douter de moi et par ricochet des autres. Mon besoin d’amour et de reconnaissance m’a longtemps poussée à entretenir des relations fusionnelles dans lesquelles je n’étais pas moi. Je me sens réparée, plus solide mais pas suffisamment armée pour faire le premier pas, dans une société de l’instantané.

Je suis une femme qui ne peux pas avoir d’enfant. Qu’est ce qu’apporte cette information ? Rien. C’est juste que je peux l’écrire et depuis peu le dire. Sans honte, sans avoir le ventre qui se serre, sans avoir envie de prendre la main de mon mari, sans éviter le regard de ma mère. Je suis une femme qui n’aura jamais d’enfant.

Je suis une contemplative de peu de passion. L’écriture, la nature, les voyages (forcés). Des tas d’envies et peu de réalisations, incapable que je suis de m’engager sur le long terme. Est-ce que c’est un problème ? Parfois oui…

Je suis la fille de mes parents. Ce serait la partie la plus complexe à expliquer. La plus douloureuse aussi. Cette histoire de famille chaotique, douloureuse et pourtant si riche.

Je suis athée et socialiste (mais plus pour très longtemps), je suis humaniste, républicaine et laïque, française (follement).

Je suis tout et son contraire. Sensible et forte, mélancolique et enjouée, dépressive et furieusement optimiste, drôle et plombante à mort, solide et fuyante, rebelle et soupe au lait, susceptible et capable de tout entendre, curieuse et blasée, réaliste et utopiste…

Pourtant, à l’intérieur, tout cela sonne un peu creux…

Toucher du doigt le bonheur

Tous les invités sont définitivement partis. La maison est rangée (ou presque). La déco a retrouvé ses cartons. Les cartes de vœux ont pris place non loin de cartons de remerciements que nous devons envoyer.

Nous sommes mariés.

Une semaine déjà. Qu’il est cruel de passer une année à préparer un moment qui file si vite !

Pour autant, j’ai le sentiment d’avoir savouré chaque seconde de cette journée.

La préparation avec ma maman, la présence de mes filleules attendant derrière la porte de la chambre, mes témoins un brin tendues, mon filleul qui nous attendait sagement dans la voiture.

Et puis la surprise réservée par le Namoureux : son arrivée en cape et chapeau de cavalier.

L’arrivée à la Mairie, baignés par un joli soleil. Voir la famille et les amis qui se sont faits beaux et ont respectés le thème.

Et l’émotion…

C’est un ami qui s’est occupé de notre cérémonie laïque, d’une main de maître, avec le juste équilibre entre humour et anecdotes. Un joli moment.

Je me suis transformée en rivière au moment de la lecture de mes vœux.

Je crois pouvoir dire (sans prétention aucune) avoir vécu là un moment magique. Tout simplement. J’ai touché du doigt le bonheur parfait, un bonheur que je n’avais pas connu jusqu’alors.

Avoir la chance de se marier avec l’homme que l’on aime, entourés de tous les êtres qui nous sont chers, réaliser notre mariage dans un cadre et avec les prestataires que nous étions en mesure de nous offrir, c’est un vrai cadeau.

Si j’ai toujours souhaité (secrètement) me marier, je n’avais pas de rêves particuliers en la matière. Mon envie était que notre mariage nous ressemble. Qu’il soit simple, doux, sincère. Je crois que nous avons réussi cela.

Ce que cela va changer ? Rien et tout à la fois.

Mon Namoureux est devenu mon Népou, notre couple s’inscrit dans le temps, dans une famille, une nouvelle réalité.

Pendant une semaine, j’ai flotté. Je me suis repassé le film de cette journée, de cette soirée où je n’ai cessé de danser, m’amuser, apprécier.

Je garde les sourires, les mots, les étreintes, le moment partagé. Qu’importe ce qu’il se passe à partir d’aujourd’hui, nous avons vécu ce moment ensemble.

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