1/ Les odeurs

La crème de calmille d’Yves Rocher que ma maman s’appliquait le soir avant le coucher

La terrasse fumante de la maison après la pluie, l’été

Les effluves émanant de la cuisine de mon père

L’herbe coupée du pré de la maison de mon enfance

Loulou, le parfum de mes années adolescentes

La peau de mon Népou

Le pain d’épices au moment de Noël

La mer aux heures les plus matutinales

Le café chaud du matin

La pipe de mon père

 

 

 

 

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Moi et quelques autres…

Je leur demande d’apprendre à se connaître, de poser leurs compétences, leurs points forts. Je les entraîne à parler d’eux, en des mots précis et concis, pour attirer l’attention d’un employeur mais surtout pour eux. Pour apprendre à gagner en confiance, pour être convaincant.

Suis je seulement capable de faire cet exercice ? De dire qui je suis. Qui je suis vraiment.

Je peux dire que je suis une professionnelle de l’accompagnement. Une bonne professionnelle. Il m’aura fallu plusieurs années pour être en mesure d’écrire et penser vraiment cela. Plusieurs années de divan aussi pour comprendre quelles étaient mes motivations réelles, pour avoir plaisir  à exercer mon métier.  Je suis une conseillère emploi méthodique et à l’écoute. Les personnes que j’accompagne savent qu’elles peuvent compter sur mon écoute et ma bienveillance.  Je n’ai plus besoin de signes de reconnaissance, je ne fais plus ce métier pour me réparer, pour travailler dans le social comme ma mère avant moi. Je fais ce métier pour l’autre. Pour lui apporter mon expertise, ma technicité, mon humanité aussi mais sans complaisance ni misérabilisme.

Je suis une femme amoureuse de son mari. De son rire, de ses mots et de ses silences, de ses hésitations et de ses prises de décisions, de ses passions, de qui il est tout simplement. Il y a des choses dans ses manies qui m’énervent. Il est vrai mais ce n’est rien à côté du bonheur que j’ai de l’avoir près de moi (même lorsqu’il ronfle). Nous ne sommes pas un couple tout à fait comme les autres, si l’on se compare à notre entourage. Nous composons plus avec l’absence qu’avec la présence l’un à l’autre.  Mais c’est ainsi que nous nous sommes construits. Est-ce que j’ai peur  ? Oui, tous les jours. Est ce qu’il me manque ? A tous les instants. Est-ce que nous allons surmonter tout cela, tenir la distance sans nous lasser, sans nous trahir. C’est en cela que réside notre défi, celui que nous avons formulé dans nos vœux de mariage.

Je suis un être solitaire, avec peu d’amis. Cette réalité m’a longtemps laissée indifférente, tant j’avais besoin de solitude, de silence pour me retrouver. En réalité, je me suis cachée et me suis menti. Aujourd’hui, cette solitude me pèse. Comment fait-on pour se faire des amis à 40 ans ? Je ne sais pas. Je dois ajouter que mes plus grandes histoires d’amitié se sont toutes terminées dans des circonstances douloureuses. Me faisant douter de moi et par ricochet des autres. Mon besoin d’amour et de reconnaissance m’a longtemps poussée à entretenir des relations fusionnelles dans lesquelles je n’étais pas moi. Je me sens réparée, plus solide mais pas suffisamment armée pour faire le premier pas, dans une société de l’instantané.

Je suis une femme qui ne peux pas avoir d’enfant. Qu’est ce qu’apporte cette information ? Rien. C’est juste que je peux l’écrire et depuis peu le dire. Sans honte, sans avoir le ventre qui se serre, sans avoir envie de prendre la main de mon mari, sans éviter le regard de ma mère. Je suis une femme qui n’aura jamais d’enfant.

Je suis une contemplative de peu de passion. L’écriture, la nature, les voyages (forcés). Des tas d’envies et peu de réalisations, incapable que je suis de m’engager sur le long terme. Est-ce que c’est un problème ? Parfois oui…

Je suis la fille de mes parents. Ce serait la partie la plus complexe à expliquer. La plus douloureuse aussi. Cette histoire de famille chaotique, douloureuse et pourtant si riche.

Je suis athée et socialiste (mais plus pour très longtemps), je suis humaniste, républicaine et laïque, française (follement).

Je suis tout et son contraire. Sensible et forte, mélancolique et enjouée, dépressive et furieusement optimiste, drôle et plombante à mort, solide et fuyante, rebelle et soupe au lait, susceptible et capable de tout entendre, curieuse et blasée, réaliste et utopiste…

Pourtant, à l’intérieur, tout cela sonne un peu creux…

Quand le mardi ressemble au lundi…

Elle fait des lettres, des tas, mais les employeurs « ne veulent pas d’elle ».

Je tente d’être factuelle, de la ramener à la réalité.

Combien de lettres, une quarantaine ? Non moins que ça.

Une trentaine ? Non moins que ça.

Alors entre 10 et 20 ou entre 5 et 10 ?

5.

Alors 5 serait des tas et TOUS les employeurs ne voudraient pas d’elle ?

Je prends ma voix la plus douce possible, je me recule sur ma chaise. En fait, à l’intérieur, j’ai envie de l’atomiser. 5 ans que je la porte (j’allais dire à bout de bras…). Tous ses emplois, ces dernières années, c’est par mon intermédiaire qu’elle les a trouvé.

Je dis que c’est terminé, soit elle y met du sien, soit j’arrête.

Elle ne comprend pas.

Forcément…

Elle pleure à chacun de nos entretiens. C’est « mon Caliméro ».

Elle se tord les mains, ferme les yeux pour expulser sa colère, grimace. Il n’y a pas d’emploi pour elle dans ce drôle de pays qui fonctionne à coup de CV longs comme le bras, qui ne reconnait pas les diplômes étrangers, qui demande de la paperasse pour tout et rien. Personne ne peut rien faire pour elle.

Des mois qu’elle pleure, des mois qu’avec plusieurs autres professionnels nous tentons de faire avancer sa situation.

Et aujourd’hui, j’ai réussi à lui dire que je ne supportais plus ni sa colère, ni ses larmes. Personne c’est moins que ça.

Ça la surprise, cet affront qui vient de moi, son indéfectible soutien, qui lui renvoie (tardivement) sa responsabilité.

Certains jours, comme aujourd’hui, ils et elles m’épuisent

 

 

Zéro constance

Je prends des décisions, j’en suis fière, je les affiche, les claironne, m’en vanterai presque… et puis je les abandonne lâchement.

Ainsi, j’avais décidé de me désintoxiquer de la télévision, quitter mon canapé pour mon confortable fauteuil de lecture. J’ai commencé un livre, que je n’ai pas terminé, puis un second. Dans l’intervalle mon Népou a acheté un écran XXL et la Une (ces fucking traitres) ont remis Grey’s Anatomy (no comment).

A ma sortie de la clinique qui fait perdre des kilos, je me suis inscrite dans une salle de gym. J’ai commencé à y aller tous les jeudis puis un sur deux, puis ça me devient de plus en plus difficile. A ma décharge il commence à faire beau et je préfère les ballades dans ma nature avoisinante que l’odeur testostéronée de la salle de gym. Excuse bidon, je te l’accorde.

Lorsque j’ai repris le travail j’ai pratiqué assidument méditation et pilates. Ça m’a fait un bien fou, je dois bien le dire. Je me sentais bien, j’étais contente de tenir… Et je commence doucement à lâcher à mon grand désespoir.

Chaque soir, en rentrant du travail, je me dis que je dois me poser pour écrire. Faire mes lignes, pour évacuer la journée et aussi construire mon écriture. Là encore zéro constance.

Ça me désole et me fais rire…

Joli mois de mai

Merci

Pour ces ponts et viaducs qui m’ont permis de me reposer et de prendre du recul

Pour avoir rendu ma nature environnante verdoyante et foisonnante

Pour ces jolies matinées fraiches qui m’ont permis de me balader, de me connecter à la nature, d’évacuer mon trop plein de colère

Pour ces jolies rencontres, ces RDV, ces discussions nourrissantes qui m’ont  fait plaisir

Pour les difficultés que tu as posé sur mon chemin qui m’ont demandé de faire face et de grandir

Pour ces moments de silence salvateurs

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Tromperie

Cher Blog,

Depuis quelques semaines je te trompe.

Tu ne me croiras pas mais je suis allée faire un tour du côté de FB.

Moi qui ai toujours eu une certaine aversion pour cet outil, moi qui faisais de la résistance active, je me suis laissée tentée.

Tu le sais, l’anonymat, a toujours été hyper important pour moi même si depuis cette dernière année je lâche des infos, chose à laquelle je m’étais jurée de ne jamais céder.

Pourquoi j’y suis allée ? Je ne suis pas sûre de le savoir moi-même. Ce que j’aime avec cet outil ? Je dois te l’avouer, par grand chose au final.

J’ai toujours eu du mal avec l’immédiateté et j’y cède, notamment en postant mes photos. L’outil est figé, sans option, pas personnalisable. Synonyme donc de frustration pour moi.

Je crois que si je suis allée voir du côté de FB, c’est parce que l’envie d’écrire m’a désertée et aussi parce que je ne trouve plus beaucoup d’interactions nourrissantes tel que c’était le cas par le passé. Changer d’hébergeur à plusieurs reprises m’a fait perdre des lecteurs et nos échanges sont plus courts et souvent plus superficiels.

Peut être qu’au final, ils m’ont permis de créer des liens alors que mon objectif de départ n’était que l’écriture. Peut être qu’au fond, il y avait cette vraie part narcissique en moi.

Et puis il faut dire que FB a rallié beaucoup de monde et j’y ai retrouvé des copines bloggeuses.

Tu me diras que j’ai cédé un peu facilement c’est vrai, tu as raison.

Je me suis confrontée à quelques réalités.

J’ai cherché frénétiquement d’anciens amis et connaissances et me suis rendue compte que je n’avais aucune envie de renouer. Mon passé et bel et bien derrière moi. Par ailleurs, je suis saisie de voir à quel point les gens partagent sur leur vie privée, certains sans filtre aucun. Il y a dans FB un côté un brin voyeuriste qui me dérange.

Je me rends compte aussi que ma culture familiale puis personnelle sont assez loin des codes d’aujourd’hui. Je n’aime pas beaucoup partager. Je n’aime pas l’idée que mes connaissances sachent où je suis à chaque instant et ce que je fais. Tu objecteras que l’on poste ce que l’on veut sur FB et tu auras raison. Mais je me demande où sont les frontières, comment et où les poser. Tout semble si ténu…

Mes amis m’ont souvent dit que j’avais un culte du secret trop poussé. Il est vrai que je préfère écouter que parler, regarder que montrer. Sans doute est-ce trop… Mais  souvent, dans ma famille, on a piétiné ma vie privée, ne respectant ni mon intimité, ou encore les limites que j’avais pu poser. J’en ai été marquée et j’en ai souffert.

Alors ?

Alors je me laisse un peu de temps, on verra. Pour le moment, je n’arrive pas à me séparer de toi. Te savoir là me rassure. Toujours présent, disponible et si merveilleusement protecteur.

Bliss

Sillonner la ville tandis qu’elle sommeille encore et avant l’oppressant afflux

Aller respirer les livres, caresser quelques couvertures, sans se décider pour un heureux élu

Retrouver F. et bavasser en flânant, faire quelques achats nouveaux en sa présence , des chaussures « de dame » et un joli tee-shirt échancré

Décider ensemble de prendre du temps pour soi, s’accorder de l’importance, avancer sur notre chemin

Reparler du mariage (off course) et se remémorer les belles choses

Prendre un café dans un joli salon de thé et se dire que définitivement les beaux endroits, les bons mets font du bien à l’âme lorsqu’ils sont savourés et partagés

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Retrouver ma campagne qui en quinze jours à pris les teintes du printemps, un vert pimpant et regénérant. Comprendre à quel point la nature m’est absolument indispensable. Elle concourt à mon équilibre. Je comprends enfin à quel point je me sens reliée à mon environnement, faune et flore me sont vitales. Vivre ici, dans ce cadre est une chance magnifique, que je mesure.

Reprendre EFT et méditation pour faire taire les voix intérieures qui me ramènent vers l’ombre. Cette ombre que je combats et dont je souhaite m’éloigner durablement.

Savourer, partager, s’émerveiller, se poser, se considérer : maitres mots du week end.