Longtemps, j’en ai rêvé. Faire mon carton, y glisser mes tableaux, les affaires du quotidien auxquelles je tiens, quelques dossiers puis enlever le nom sur ma porte et partir.
J’en ai rêvé plusieurs années, ne sachant comment sortir d’une situation professionnelle étouffante et énergivore. Je suis ainsi, je peux supporter des années durant ce qui me dévore de l’intérieur.
Sans doute n’étais-je pas prête, pas assez forte, pas assez confiante pour prendre cet envol tant attendu.
Et puis il y a eu cette offre, cette occasion et a ma grande surprise, le tour était joué.
Il m’a semblé, qu’encore une fois dans vie tout arrivait trop tard. Après les doutes, les égratignures, les nuits sans sommeil, les non dits entre collègues, les multiples remises en question qui laissent sur le carreau, les face à face destructeurs.
Aujourd’hui donc, je m’apprête à quitter le poste que j’ai occupé pendant une longue décennie. Et cette impression est des plus curieuse. Accueillir les réactions contrastées des collègues, celles de mes accompagnés, leurs émotions , leurs retours sur mon accompagnement. Car, finalement, c’est là que se situe le cœur de ce qui me remue. Ce qu’ils et elles pensent de moi, comment ils me le disent, avec quels mots, quelles tournures, quels regards. Je vis des journées remuantes, comme je n’en ai jamais vécues professionnellement. Je mesure que ce travail, que j’ai souvent trouvé vain car « immesurable », fait sens.
Je pars avec cette énergie, avec cette pointe de fierté d’avoir pu aider. Un peu, beaucoup, pas toujours, souvent. Du fond du cœur…