Avril

Penser que le printemps sera doux, différent // Les vacances, enfin ! // Enfiler les kilomètres en voiture et penser que décidément, le train c’est bien // Le Puy en Velay, ses montées, sa Vierge, son Saint Joseph, la maison collée au rocher, le dîner haut en couleurs  avec un graffeur hyperactif // Le Tarn et Garonne, la famille, l’enfance, l’amour, nos souvenirs communs ma cousine bien-aimée, mes regrets, une nuit de colère, le pont de Millau, L’Aveyron, la nature resplendissante // 2 ans, déjà… Le sentiment que c’était hier. Les souvenirs de cet instant si fort à la Mairie d’abord puis après. Et cette question lancinante : « est ce que ça peut durer toute la vie ? » // Avoir des conversations de l’espace avec des personnes en recherche d’emploi qui ne cherchent plus, qui se demandent pourquoi on les appelle, qui ne savent pas chercher… qui font chier // Un attentat, encore. Et la peur qui se noue à nouveau au creux du ventre // Décider définitivement de ne pas y aller // Avoir des envies de robes // La nature à respirer à pleins poumons, le vert, les fleurs, les arbres, les oiseaux // Après notre échange téléphonique, mesurer que notre amitié est définitivement fanée // L’intervention des dents qui se rapproche et l’opération de la mâchoire qui s’éloigne (alléluia !!!) // Être stressée, constamment, un peu perchée, dans les tours et se demander quand tout cela va enfin redescendre // L’au revoir émouvant de cette responsable de service (si tu me lis, je t’überkiffe) // Des énervements successifs liés à cette élection. Les injonctions, les leçons de morale, la culpabilisation, qui n’ont pas de prise sur moi //

Gratitudes de la journée

Se lever tard.

Déjeuner de petites choses nouvelles et laisser le temps s’étirer parce que c’est bon, doux, bien.

Aller se balader au petit matin avec ma maman et bavasser sur l’utile, le futile, le fondamental et la famille (on y revient toujours).

Aérer la maison, ouvrir grand les fenêtres qui donnent sur la montagne. J’aime toujours autant ce décor de roc qui me rassure, habille mon décor, le sublime.

Ranger. Je ne sais pas d’où me vient ce goût pour le rangement…

Aller lui rendre visite. L’écouter radoter, me poser les questions qu’elle m’a déjà posé 1000 fois. Regarder sa peau tachetée, abîmée.

Me poser. Larver. Je n’en peux plus d’être dans le faire. Je surkiffe le bullage !

Cuisiner, un peu, à nouveau, reprendre goût.

Faire le sac pour le lendemain, penser à ce qu’il y a à faire au cours de la semaine à venir. Pour soi, pour ne pas s’oublier.

Écouter mon Namoureux me raconter sa journée.

L’aimer, cette journée.

 

Grandir avec

Je suis née en 1975.

Plusieurs années plus tard, s’abattait sur nous le virus du SIDA. Nous avons été considérés comme la « génération SIDA ».

J’ai en mémoire des épisodes très forts, dans mon quotidien de lycéenne d’abord. Des discussions entre amis, des préoccupations, les cours de biologie (et donc d’éducation sexuelle). Puis des moments forts de télévision, par la suite. Dechavanne et son « sortez couverts », Clémentine Célarié et son baiser, le film Philadelphia, des affiches de prévention, des chiffres terribles, des contre-vérités… Quelque chose de diffus et pourtant de très réel planait sur nos têtes. Le risque de mourir. D’amour, d’aimer, de baiser…

Aujourd’hui, le virus du SIDA n’a pas totalement disparu mais il est moins présent. Il cause toujours des morts mais il peut être combattu. La jeunesse est informée des risques mais sans doute moins imprégnée que nous l’avons été.

Le nouveau risque qui nous guette, est le risque terroriste. Lâche, injuste, crasseux. Chaque accalmie est suivie par une nouvelle période noire qui fait des morts, des blessés. On ne sait pas où cela va tomber, quand, qui est visé. Mais la menace est toujours là, tapie.

Bien que d’éminents spécialistes aient donné leur avis sur la question, bien qu’ils réfutent le terme, je me sens en guerre. C’est extrême pensez-vous et sans doute avez vous raison. Nous sommes pas en Syrie, au Liban, au Mali, en Irak. C’est vrai. Mais pour nous occidentaux, il me seble que c’est une nouvelle forme de guerre.

Mon mari vit à Paris, nos amis, des membres de ma famille.

Cette tension perpétuelle m’est insupportable. Cette idée même m’est insupportable. Devoir vivre avec la peur, aujourd’hui, ici dans mon pays, pour des questions de religion me parait à la fois injuste et impensable.

Mais si…

 

Quand ça sent le vécu…

Moi : Bonjour, je vous appelle parce que vous avez envoyé une candidature d’hôtesse d’accueil, or nous recrutons uniquement sur des postes RH.
Mme : Ben oui, je recherche en RH !
Moi : Sur votre Cv, vous ne faites pas mention d’expériences en RH.
Mme : Ben j’ai fait des stages. Je ne sais pas si vous savez mais tout ne rentre pas sur un CV !!!
Moi : Comment voulez vous qu’un employeur considère votre candidature si vous ne faites aucune mention de vos expériences pour le poste ? D’ailleurs, vous cherchez en RH mais en en tête je lis Hôtesse d’accueil ????
Mme : Olala mais qu’est ce que c’est que cet appel ? Un employeur, il appelle quand il retient votre candidature. Vous m’appelez pourquoi vous là ? D’abord, j’ai même pas compris le nom de votre société !
Moi : Je ne suis pas une société et si je prends le temps de vous appeler, c’est pour vous donner un conseil Mme, celui de corriger votre candidature.
Mme : Non mais qu’est ce qu’elle dit elle !!! Bon on va arrêter là parce que j’attends des appels d’employeurs moi Madame.
Moi : SCREUGNEUGNEUARGHHHHHH

Je vote

Je vote

Lorsque je choisis la composition de mon repas au petit déjeuner, au déjeuner et au diner.

Dans les produits de 1ere nécessité que j’achète, en choisissant le lieu d’achat, en regardant la provenance, les moyens de fabrication, les heures de vol au compteur, le prix final.

Lorsque je me vêts, me chausse.

Dans les produits que j’achète pour me maquiller.

Dans le choix de mes déplacements : voiture essence, train, transports en commun.

Lorsque je pars en vacances, en France, en Europe, sur un autre continent.

Dans le choix de mes lectures, des quotidiens que j’achète.

Dans la manière de me soigner.

Dans mes activités, mes hobbys.

Dans les lieux que je visite, que je « fréquente ».

Dans le choix de mon métier et le lieu où je l’exerce.

La France fait battre mon cœur et j’ai la volonté qu’elle avance, progresse, grandisse, se répare.  Je pense qu’elle en a la force et qu’unis nous y parviendrons. Je ne tiens pas à ce que l’on parle en mon nom, je ne suis pas insoumise, ni tout à fait en marche…

 

S’extraire

Pendant une semaine

Ne pas écouter les informations d’ici et d’ailleurs,

Se lever quand le corps le décide,

Manger à l’heure où le corps a besoin,

Ne pas se maquiller, ni s’apprêter,

Se laisser porter par le chemin, par les sites à visiter,

Oublier et se sentir profondément ancrée dans le présent,

Se laisser dorer par le soleil, puis se protéger des gifles cinglantes du vent,

Tout apprécier : champs, châteaux, jardins, ruelles animées ou désertes,

Avoir le sentiment curieux de flottaison.

D’apaisement intérieur, de bien être…

 

L’heure du voyage

J’aime plus que tout mettre mon réveil en mode silencieux, ranger mes affaires d’hiver pour laisser place à celles d’été, faire une liste de « choses à emporter », et préparer mon sac.

Nous n’allons pas loin cette fois, dans le sud, dans la famille, au chaud (au propre et au figuré).

Nous sommes attendus par les enfants, par les parents sans doute aussi mais différemment….

Pour la première fois depuis de très nombreuses années, le travail ne me poursuit pas. Je n’en rêve pas, je ne le porte pas dans mon quotidien, ce qui est pour moi un vrai signe que les décisions prises ont été les meilleures possibles pour moi.

Enfin, je profite de chaque instant, de chaque chose que mon regard croise, sans avoir à me dire, « il faudra y retourner (j’ai pas envie) ».

J’ai hâte de mettre le sac dans la voiture et de partir. J’ai hâte de ces vacances en famille, que mes filleules me disent marraine avec le r qui roule et de chaque instant partagé avec elles qui grandissent trop vite.

Ce début de printemps est doux.

Le sens, l’essence

Professionnellement, j’ai atteint tous les objectifs que je m’étais fixé.

L’accompagnement d’abord, pendant treize ans. Des années difficiles, non pas du fait de mon métier mais plutôt de son environnement direct et des injonctions institutionnelles, intenables. J’ai aimé profondément accompagner. Marcher à côté, être une facilitatrice, un pont vers le monde de l’emploi. Au fil des années, je me suis endurcie, j’ai compris pourquoi je faisais ce métier, pourquoi je ne voulais plus le faire, j’ai pris du recul. Les années m’ont fait prendre la hauteur nécessaire pour ne plus porter mais rendre à l’autre.

J’ai été élevée avec la notion forte de solidarité et c’est ainsi que je me suis construite. Personnellement et professionnellement. Lorsque le sens de mon action ne m’apparaissait plus clairement, je me suis dirigée vers les ressources humaines. Un univers que je découvre, non sans difficultés, depuis un an.

Je suis sortie de ma zone de confort pour me mettre (un peu) en danger, pour me requestionner, me repositionner. Au quotidien, je suis bousculée sans cesse. C’est réussi ! La manière dont on recrute dans la grande machine à laquelle je collabore ne m’apparait pas toujours clairement…. L’organisation est traversée par des périodes relativement calmes et des soubresauts souvent violents pour tous les intervenants. Je compose, je m’adapte, je tiens un rythme soutenu, qui n’est pas toujours naturellement le mien.

Je fais tout pour ne pas me perdre, pour ne pas perdre le fil que je considère celui de la solidarité que je souhaite servir. Le lien social, au final, c’est ce que nous avons de plus précieux.

Ces dernières semaines, je me questionne beaucoup sur ma féminité.

Vaste sujet chez moi, depuis la puberté. Je me suis sentie femme, vraiment, entièrement, totalement, quelques années dans ma vie seulement. Des années de joie intérieure forte, de connexion profonde à mon être de chair.

Cette connexion n’est plus. A cause de mon poids d’une part et à cause de notre parcours en FIV d’autre part. Quelque chose s’est fané très certainement avec notre projet impossible d’avoir un enfant. J’ai laissé dans ce parcours, long, douloureux, des morceaux de moi. Le moi femme, le moi épouse, le moi fille de mes parents. J’en suis restée là peut être. La manière de me voir, de me vêtir aujourd’hui, l’image que je renvoie, que je me renvoie. Compliqué… D’autant plus lorsque l’on vit loin de son compagnon.

Brouillon le fil de ma pensée….

 

S’acheter des fleurs

Je suis allée m’acheter des fleurs. 3 roses blanches. Pour couronner cette journée.

Une journée de vacances, de RTT, une vraie parenthèse, où pour une fois, je ne me suis pas sentie tiraillée, happée.

Je me suis réveillée avec un rêve qui vient me visiter chaque année, où il est question d’un ami aimé et perdu.

J’ai savouré chaque seconde de mon petit déjeuner, pris lentement, avec les mots terrifiants de Patrick Cohen en fond (Patrick si tu me lis, je t’aime d’amour).

Je suis allée me balader, accompagnée par le seul chant des oiseaux.

J’ai déjeuné avec des personnes aimées, qui savent tout de moi, plus que moi (ce qui en soi est très embêtant).

J’ai lu les mots doux d’Agnès Ledig, puis je suis allée visiter une amie.

J’ai mis loin le travail et ses contingences, le prochain entretien que je vais devoir passer à nouveau, la surcharge de travail, la fatigue, la colère sourde.

J’ai mis loin mon couple, moi, nous …

J’ai adoré cette journée.

Il me faut définitivement plus de parenthèses…