Places

La place qu’il faut se faire, à coup de coude, dans la famille d’abord

Puis dans la famille d’accueil

Dans la faune scolaire : A l’école, au collège, au lycée, à la fac

Dans le champ de l’emploi : l’avant dernier travail, complexe face à tant de professionnels si compétents, si exigeants, si déroutants parfois  ; dans le nouveau travail, complexe face à tant de professionnels…

Avec les hommes rugueux, indifférents

Avec mon Népou

Avec les ami-es

Dans la société si tourmentée

Dans la vie, ma propre vie

….

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Tardive apparition

Il m’est apparu (un peu tardivement) que je n’étais plus faite pour le travail.

Tout ce gâchis : j’entends des talents, des compétences qui restent sur le carreau, des patrons sourds aux demandes (à part à la SNCF plus personne n’est en mesure de revendiquer aujourd’hui) des salariés, des milliers d’offres qui restent non pourvues, des milliers d’euros mis dans des formations qui ne servent à rien… lasse, je me dis qu’il serait bon que je laisse la place à plus motivé-e que moi. Je ne le suis plus.

Surtout, je m’affranchis (enfin !) de la culture travail transmise par mes parents. Ponctualité, sourire, exécution des tâches sans rechigner, arrêt maladie seulement si on frôle la mort, zéro contestation ou opposition parce-que le patron a le droit de vie ou de mort sur toi (j’exagère à peine) et surtout, surtout, se faire bien voir par TOUT LE MONDE. J’en ai soupé de ça aussi.

Longtemps, j’ai été revancharde. Fille de parents qui ont le certificat d’études, il me fallait « réussir », avoir un emploi stable et ne surtout pas, comme eux, faire mes 40 heures par semaine pour un salaire de misère. Le travail a été mon obsession longtemps. Je vivais par et pour lui. Faire social a été ma mission. Celle qui donnait un sens à ma vie, celle qui me donnait un rôle social « important » à mes yeux. Erreur. J’ai tenté,comme j’ai pu, avec quelques moyens et au prix d’une énergie folle, de ramener vers l’emploi femmes et hommes souvent blessés et déconsidérés par la société.

Et puis, je ne savais pas vivre avec moi. Les instants « off » étaient une torture. Il y avait bien la lecture, les balades, quelques sorties mais ça ne me remplissait pas. Le travail oui. Il m’a fait prendre pas mal de kilos et me délester de mon énergie vitale aussi.

Aujourd’hui, je vis bien avec moi. J’aime ne rien faire, je me délecte de la contemplation : des arbres, des oiseaux, de mes montagnes, des fleurs, de la pluie. Rester plusieurs heures à lire ne me fait pas culpabiliser, de même que je ne me sens plus perdue face au silence. Plus je vieillis et mieux je vis en ma présence. Je ne me sors plus par les yeux. J’ai testé le collage un temps, puis la peinture de galets, je me suis mise au jardinage, je ne quitte plus mon appareil photo. L’écriture quant à elle, reste et restera ma béquille, ma plus fidèle compagne. Toutes ces petites choses mises bout à bout me font toucher du doigt qui je suis.

Un beau bureau, une mission éclatante, une mallette chic de maitresse d’école, des réunions… tout ça ne me fait plus rêver.  Je ne sais pas si je m’en fous mais je n’en suis pas loin. Il faut dire que mon emploi actuel est loin de répondre à mes attentes. Je ne lui ai pas encore donné mes couleurs, je l’occupe avec difficultés et de manière très extérieure. Je m’implique au minimum.

« L’autre » m’a épuisée ou plus exactement, je me suis laissée épuiser par lui.

La vie m’a rattrapée. Il faut se dépêcher de la vivre. Surtout maintenant…

Pourtant, il y a toujours chez moi ces soubresauts. Lorsque je dois animer une information collective ; les mots compétences et parcours professionnel ou encore formation tout au long de la vie (glurps) me font tendre l’oreille et me mettre au garde à vous. J’aime ça, je suis faite de ça : l’accompagnement de l’autre vers lui même, une part de lui en tout cas.

Peut être que c’est à mon tour maintenant….

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Nostalgie baby

Elle / Il aurait 2 ans et des poussières d’étoiles.

Elle / Il s’appellerait  Céleste / Gustave pour moi ; Lou Ann pour son papa (car ce serait la fille à son papa).

Elle / Il serait baptisé-e civilement. Sa marraine serait une féministe affirmée, défenseure de la laïcité (comme môman), son parrain serait un geek, doux rêveur et grand voyageur (comme pôpa).

Nous aurions fait, évidemment, des tonnes de photos. Nous aurions même eu le temps d’en faire de belles avec Papi Jean, trop tôt disparu.

Nous nous serions posés, aurions aménagé notre nid, enfin, pour y faire pousser doucement notre enfant. Les mamies seraient folles, le papinou gâteux.

Enfin, nous aurions construit notre famille.

Je rêve….

A l’infinie souffrance a succédé l’indifférence. Je pouvais tout entendre, regarder les enfants  des autres sans avoir le ventre qui se serre, supporter sans difficultés les discussions sans fin de mes collègues jeunes mamans. Mes parents d’abord très insistants (pour une reprise de FIV) ont lâché et fait leur deuil. Ma belle mère ne m’achète plus de livre sur l’adoption. Nous n’en parlons plus, pas même avec mon Népou.

Mais cela me revient comme un boomerang en pleine face.

Tout ça. Il faut dire qu’il est des souffrances difficiles à digérer, à intégrer et à oublier.

Le besoin de donner de l’amour, l’envie d’avoir un enfant avec mon homme, un autre nous deux. Avoir une famille, enfin, qui nous ressemble, un projet de vie qui nous porte, qui donne un nouveau sens à notre histoire de couple.

Il est définitivement trop tard, je le sais très bien et je l’ai intégré. Mais je contemple ma vie et je nourris une somme de regrets. Dont celui de ne pas avoir d’enfant.

En avoir un aujourd’hui relève du miracle, accepter et accueillir la vie telle qu’elle est, devrait être mon chemin.

Un difficile chemin.

 

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Captures

Je me contenterais, je crois, d’une vie faite d’oisiveté, de lectures, de photos, d’écriture et néanmoins de beaucoup d’amour…

C’est mon Népou qui m’a guidée vers la photo. Vers la curiosité, la couleur, la lumière, les formes, les ombres. Il me pousse à regarder. En haut, en bas et à l’intérieur aussi.

Je tâtonne. J’y vais au feeling, sans aucune connaissance technique, je me laisse porter. Il faut avouer aussi, que les appareils « d’aujourd’hui » (je fais vieille guerrière hein ?), ainsi que les téléphones portables sont hyper bien fichus et permettent de faire de belles choses sans trop se creuser.

Alors je dégaine, je fige, j’enregistre, je collectionne.

Et je savoure avec beaucoup de plaisir. Je me nourris des images, des instants.

Et je me fous du résultat, seul compte l’objet de ma convoitise, qu’importe ce que cela donnera. Cadrage, exposition, proportion. J’aime choisir le sujet, me dépêcher de le capturer, comme une voleuse. Une fois la chose faite, je ressens un sentiment proche de l’enfance. La joie simple qui remplit le cœur, le bonheur du désir satisfait, comme un cadeau.

C’est modeste, secret, très personnel et finalement léger.

 

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Tendances

Il y a chez moi cette tendance naturelle à être rattrapée par mes démons.

Ils courent toujours plus vite que moi.

Je vais bien, plutôt très bien, si ce n’est toujours ce besoin de manger-manger-manger… qui bien sûr est le signe.

Le signe que la secousse n’est pas loin. Tout à coup, tout s’écroule à l’intérieur, dans un grand fracas.

Je ne me sens pas à ma place, la mélancolie fait des ravages, j’ai envie de pleurer, crier et m’enfuir, loin.

J’ai besoin de soleil, de nature, de silence, de ne rien faire. J’ai besoin de me retrouver.

Car, je le sens, chaque jour m’éloigne un peu plus de moi. De mes envies (bien minces à l’heure qu’il est), de mes besoins.

Par ce travail, un immense désenchantement, dans lequel je ne me sens pas utile, pas à ma place.

Ma vie qui ressemble à de « l’obligé », à de la contrainte. Contrainte d’aller travailler pour gagner sa vie, pour avoir un statut social, pour rassurer l’entourage. Contrainte de faire comme si.

Rien dans ma vie aujourd’hui ne me ressemble. Je me demande ce qui m’a conduit là et comment j’y suis arrivée. Il y a bien sûr les croyances familiales dont je suis chargée, que dis-je lestée. Mais il n’y a pas que cela.

Mes choix, ces drôles de choix qui m’ont conduite là où je suis aujourd’hui. Le choix d’un travail, le choix d’amitiés des plus éphémères.

Je sens bien que c’est la fin de quelque chose mais je ne sais pas de quoi.

Je sens bien que ce travail n’est qu’une étape mais vers quoi….?

Cette semaine, je vais annoncer que je souhaite quitter ce poste.

Avant de sombrer totalement et pour arrêter de faire semblant.

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Ce que je peux faire pour moi

M’offrir 8 cours pour apprendre à méditer seule

Avoir le plaisir de regarder mon jardin même si rien ne pousse pour le moment

Passer mon après midi de RTT à la maison, toutes fenêtres ouvertes, écouter le chant des oiseaux, le bruit du ruisseau et me détendre

Aller me promener le soir après le travail, dans ma campagne pour décompresser

Faire du vélo d’appart’ après manger pour me reconnecter à moi

Reprendre RDV avec la psy

M’acheter de la peinture pour peindre mes galets, en attente depuis plusieurs mois

Me répéter chaque jour, que j’avance

Me pomponner tous les matins, de la couleur sur les yeux et la bouche pour me faire belle pour moi toute seule

Aimer la vie, envers et contre tout….

 

L’inénarrable

Je n’en aurais jamais fini.

Avec mon corps.

C’est mon inépuisable sujet.

Les cheveux blancs sur les tempes, les joues bien remplies, le dos légèrement courbé, les seins lourds, une ceinture abdominale fournie, des ailes de chauve-souris qui pendouillent de plus en plus, des cuisses qui n’en finissent pas de se tendre. Bref un corps charnu, gros, gras.

Des tocs alimentaires qui viennent frapper le corps et l’âme.

Il y a des jours (des mois), où je me fais l’effet d’être une camée. Où rien ne calme la vague, la déferlante intérieure. Pas les tranches de jambon, pas les amandes, pas les galettes de riz ou de maïs avalés en quantités astronomiques.

Il n’y a rien de grave.

J’ai une famille un peu unie, un mari, un emploi, un toit, j’ai de quoi m’offrir quelques loisirs et quelques vacances, je peux me soigner convenablement. D’ailleurs, j’ai fréquenté pendant 10 ans quelques psys, des spécialistes du gras, des gourous en tout genre. Mais rien. Il y a toujours cette putain d’hyperphagie qui trace son sillon, qui envahit tout.

La faim tout le temps, impossible à calmer.

Pas la respiration, pas la lecture, pas les exercices physiques, pas la marche. Rien.

Le corps gavé est gras, douloureux.

Difficile de s’accroupir, se vêtir (je veux dire avec des fringues qui ne font pas ressembler à un sac), marcher vite, se montrer dans l’intimité.

Si tous les enfants qui ont manqué de présence parentale, de confiance, d’un peu de considération familiale sombraient dans l’hyperphagie ça se saurait….

Alors quoi ? Je n’ai pas de réponse.

Juste des faits. Ceux d’un corps fatigué, qui se dégrade, qui est bien plus vieux qu’il ne devrait…