Persona

Je suis allée chez le coiffeur, mes cheveux ont diablement poussé ces derniers mois, je me suis acheté une nouvelle robe, échancrée et longue (que je n’ai finalement pas mise). J’ai rangé mon sac, mis ma trousse en ordre et checker mon agenda.

Je suis rentrée vendredi (en clair, j’ai repris le boulot), avec la même sensation, si vivante, que lors de ma rentrée de seconde (la deuxième). La boule au ventre, la crainte de connaitre mon emploi du temps et une envie relative de répondre aux questions : c’était bien ? pas trop de pluie ? et la bouffe ? et les gens ?…

En un quart de seconde, j’avais remis mon habit de professionnelle. Celle qui répond, qui sourit, qui esquive parfois. J’ai repris les mécanismes si profondément ancrés : les mails, les appels, les nouvelles. Comme la nature a horreur du vide, je suis arrivée comme je suis partie, avec un flot d’informations très conséquent à traiter, puis des réunions, préparer un séminaire à venir, puis les urgences. Comme si jamais, le rythme ne pouvait se ralentir.

Avec les années la ligne devient plus tenue. Je suis moi et la professionnelle, je ne gomme plus grand chose, sauf l’essentiel, le vital pour moi c’est à dire la limite infranchissable que je pose dans ma relation avec mes « accompagnés ». Je sais qu’ils et elles seraient surpris de me connaitre autrement, « en dehors ».

Cette persona est finalement ma plus belle protection…

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La fenêtre est ouverte et donne sur le grand tilleul, lequel obstrue totalement ma vue habituelle sur la montagne.

J’entends l’eau couler dans le ru à côté de chez moi, les voitures qui passent dans un flot continue à cette heure.

Le voisin s’affaire dans son atelier, tandis que ses enfants jouent encore dehors.

Il y a exactement un jour, j’étais dans un pays où il fait jour la nuit, où nature et verdure ont leur place partout, où la vie s’écoule au rythme des ondées et des éclaircies.

Une dizaine de jours, enchantés, qui m’ont permis de mettre à distance non pas la fatigue mais la lassitude liée à un quotidien de travail et aussi de vie, qui vont trop vite pour moi, me donnent l’impression de passer à côté de l’important. Je ne me reconnais pas dans cette folle fuite en avant qui malheureusement crée, à mon sens, plus de difficultés que de bien être.

J’ai profité de cette parenthèse, je me suis gorgée de nature, de silence, de paysages plus déments les uns que les autres. Que la nature est belle ! La perfection était là, partout, où que mon regard s’est posé. Le précieux, piétiné dans notre pays, nos villes, ma montagne… Je me suis sentie petite, toute petite, si humaine finalement. Et si chanceuse aussi d’avoir la possibilité de voyager, de voir de telles beautés. L’immensité, cette nature me remplit, m’apaise, m’aligne.

En rentrant, j’ai pris 20 degrés dans la vue, serrée comme un sandwich dans un RER bondé où l’on ne se sourit pas, où l’on consulte son portable toutes les 15 secondes… J’ai vu défiler devant mes yeux plusieurs banlieues parisiennes, côté gare…

En quelques instants, bien courts finalement, sont remontés toutes les tensions de ces dernières semaines, tout ce qui me pèse.

Je repars en septembre, heureusement…