Grandir avec

Je suis née en 1975.

Plusieurs années plus tard, s’abattait sur nous le virus du SIDA. Nous avons été considérés comme la « génération SIDA ».

J’ai en mémoire des épisodes très forts, dans mon quotidien de lycéenne d’abord. Des discussions entre amis, des préoccupations, les cours de biologie (et donc d’éducation sexuelle). Puis des moments forts de télévision, par la suite. Dechavanne et son « sortez couverts », Clémentine Célarié et son baiser, le film Philadelphia, des affiches de prévention, des chiffres terribles, des contre-vérités… Quelque chose de diffus et pourtant de très réel planait sur nos têtes. Le risque de mourir. D’amour, d’aimer, de baiser…

Aujourd’hui, le virus du SIDA n’a pas totalement disparu mais il est moins présent. Il cause toujours des morts mais il peut être combattu. La jeunesse est informée des risques mais sans doute moins imprégnée que nous l’avons été.

Le nouveau risque qui nous guette, est le risque terroriste. Lâche, injuste, crasseux. Chaque accalmie est suivie par une nouvelle période noire qui fait des morts, des blessés. On ne sait pas où cela va tomber, quand, qui est visé. Mais la menace est toujours là, tapie.

Bien que d’éminents spécialistes aient donné leur avis sur la question, bien qu’ils réfutent le terme, je me sens en guerre. C’est extrême pensez-vous et sans doute avez vous raison. Nous sommes pas en Syrie, au Liban, au Mali, en Irak. C’est vrai. Mais pour nous occidentaux, il me seble que c’est une nouvelle forme de guerre.

Mon mari vit à Paris, nos amis, des membres de ma famille.

Cette tension perpétuelle m’est insupportable. Cette idée même m’est insupportable. Devoir vivre avec la peur, aujourd’hui, ici dans mon pays, pour des questions de religion me parait à la fois injuste et impensable.

Mais si…

 

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