Cocher les cases

Il y a quelques années  de cela, j’ai fait appel à une coach, pour travailler sur mon assertivité.

Cet accompagnement pris sur mon compte DIF, m’avait permis de faire le point pour moi et de travailler ma communication ainsi que certaines de mes craintes et représentations.

J’avais particulièrement accroché avec cette professionnelle, très à l’écoute, bienveillante et très outillée. Elle m’a conseillé des outils, des lectures et j’ai pensé à cette époque qu’elle faisait un métier formidable, que j’aimerais exercer aussi.

A cette époque, je ne considérais pas mon accompagnement comme du conseil. Je n’avais pas confiance, je ne me sentais pas légitime (toujours cette sacro sainte confiance !). Et puis elle… Sa présentation, son professionnalisme, sa technicité, son assurance… Elle m’avait impressionnée.

Quelques années plus tard, j’ai appris qu’elle était devenue très proche avec une collègue de travail, laquelle me racontait à quel point cette personne était seule dans sa vie, en galère professionnelle et surtout, très peu confiante. Cela m’avait pétrifiée. Quel écart entre ce que j’avais perçu et la réalité.

C’est à elle que j’ai pensé cette semaine.

Mon activité de conseils sur mon poste va grandissant, je reçois des candidats que je conseille, rebooste, outille, secoue parfois ; j’ai des retours positifs, sur ma personne et ma compétence.

Lorsque je demande aux candidats s’ils prennent du temps pour eux, le recul nécessaire par rapport à leur métier, s’ils se respectent dans leur quotidien de travail, s’ils se donnent de la place : ce sont exactement des conseils que je pourrais me donner. Je ne suis pas la personne que je montre, pas complètement en tout cas.

Je ne me laisse pas beaucoup de place, je prends peu de temps pour moi, je me légitime peu et ma vie est loin d ‘être remplie comme je l’aimerais.

Difficile parfois de se coacher, lorsqu’on le fait pour les autres.

 

 

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De l’humain

Une nuit écourtée. Merci la trachéite… Des valoches sous les yeux, l’humeur massacrante.

Pas l’envie d’y retourner, de faire des bises, de formuler des vœux, de voir du monde tout simplement, de m’installer dans ce bureau si vaste et doux, que je vais devoir quitter, à mon grand désespoir,  d’ici 15 jours…

Et puis et puis…. Elle.

Elle avec sa voix d’enfant, son parcours parsemé d’embûches, ses trois pas en avant et cinq en arrière, son regard fuyant, craintif.

La confiance qu’elle m’accorde, aveuglément.

Elle et sa peur de me décevoir.

Je souris toujours lorsque je les entends me demander si je suis déçue.

Je ne le suis jamais.

J’ai tellement tergiversé moi aussi, je me suis tellement cherchée, j’ai tellement reculé, si souvent.

Alors non, je ne suis jamais déçue. Je suis comme elle, comme les autres, tous les autres. Je ne suis au dessus de rien et elle, contrairement à ce qu’elle pense, inférieure à personne.

Au moment de nous quitter, elle sort de son sac deux paquets. Deux cadeaux.

L’humain est là.

Dans la larme qui coule, dans le cadeau donné, dans les remerciements murmurés, dans la gêne, le plaisir, dans l’au revoir.

L’humain, toujours. Celui qui donne sens à cette mission si difficile parfois. Écouter, accompagner, orienter, réconforter, revaloriser.

Je retrouve l’étincelle qui, la coquine, me quitte parfois… pour mieux revenir.

 

« Rien que de l’eau de pluie »

Ça se bouscule, ce n’est pas très organisé.

Le travail qui prend toute la place, à nouveau. Car il faut assurer le quotidien, faire ses preuves, travailler pour 2. Depuis février, date de mon arrivée, j’ai travaillé plus souvent seule qu’à deux. Je surnage, c’est tout. Je fais ma place, instaure mes rituels : dire bonjour le matin, au revoir le soir, frapper à la porte du bureau avant d’entrer… des broutilles. Est-ce que j’apprends des choses ? Je ne sais pas. J’assure le quotidien, j’organise les recrutements, je reprends des outils, lorsque j’ai le temps, c’est à dire pas souvent et enfin, j’assure des collectifs. Est-ce que je fais bien ? Personne pour me faire un retour. J’ai tellement envie d’apprendre, de progresser, réfléchir, créer…

Il pleut, sans cesse. J’aime la pluie. Elle me calme, m’apaise, me « lave ». La pluie est mon prétexte. Quand il commence à faire beau. Les gens « normaux », sortent, prennent des verres aux terrasses des cafés, font des barbecues, font des pics-nics au bord des lacs. Moi pas. Je déteste l’été alors que j’adore faire toutes ces choses. Mais c’est moi qui rappelle, moi qui lance des invitations… moi qui pleure l’amitié. Je me déteste de le faire. Je déteste ce trou béant dans ma vie. Le trou de l’amitié, celui qui ne s’est jamais comblé. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui cloche. Je suis cette personne qu’on appelle lorsqu’on va mal. Écouter, valoriser, rendre des services, je sais faire, tellement faire que je me suis souvent oubliée. Mais je ne suis plus celle qu’on invite, celle qu’on a envie d’écouter, avec laquelle on partage. Mes parents ont vécu en autarcie et avec mon Népou, nous reproduisons exactement la même chose. Tout ensemble ou rien.

En ce moment, tout est incroyablement pesant…

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Ne garder que le meilleur

J’aime le lundi, lorsque nous nous saluons les uns autres. Nous nous connaissons bien maintenant et devinons à la mine de l’autre comment il a passé son we et s’il est ou non au top de sa forme.

J’aime les messages que nous nous envoyons parfois en off, pour relire la journée, rire d’un épisode de la semaine, dédramatiser, nous soutenir.

J’aime le vendredi après midi, lorsque c’est la fin de la journée et que nous décompressons dans le bureau de l’un ou de l’autre.

J’aime certains repas, où le rire et le partage sont de mise, où autour d’un gâteau ou d’un café nous mettons un quotidien parfois dévorant.

J’aime les conversations sur le pas de la porte. Pour avoir un conseil, pour débriefer, pour rire, parfois pour décompresser.

J’aime les regards que nous nous adressons parfois, les petits mots pour nous soutenir. Juste ça, rien de plus, dans le respect et la bienveillance.

J’aime cette façon que nous avons tous et de manière personnelle d’aborder l’accompagnement. Ce qui nous lie c’est cette croyance en l’autre, la même philosophie, le même sens du service public (décrié mais qui fait tellement sens pour nous).

J’aime notre manière de faire front. Ensemble, nous avons vécu le pire et le meilleur. Nous y avons laissé tous une part de nous et avons grandi. En collectif.

Aujourd’hui, c’est cela qu’il me faut regarder.

Juste ça

Désamitiés

J’ai expérimenté jusqu’ici l’amitié sous différentes formes :

les amitiés d’enfance qui durent 15 ou 30 ans

les amitiés adolescentes qui se fracassent à l’entrée dans la vie active

les amitiés nouées pendant les études supérieures

les amitiés de travail

celles de vacances

l’amitié « coup de foudre »

entre filles, avec des garçons, en bande

fusionnelle, vampirisante, « juste-distante », déconnante, sérieuse…

Une mutation s’est opérée depuis que j’ai rencontré Namoureux, je crois. La désertion.

Parce que j’ai changé peut être, parce que je suis toujours entre deux trains, moins disponible car éreintée par des missions qui me fatiguent et qui ne me donnent envie qu’une seule chose le soir : rentrer.

Peut être aussi, parce que depuis l’immense déconvenue avec ex-Meilleure Amie, je me confie moins, je suis toujours dans une certaine réserve.

Les copines célibataires se font plus distantes, celles en couple moins présentes.

Il est vrai que je n’ai jamais été capable de nourrir des amitiés « multiples ». Je n’ai jamais eu beaucoup d’amis car je ne sais pas me consacrer complètement à plusieurs personnes. Et puis, en dehors de l’écrit, je ne sais pas partager « sur moi », je ne sais pas me raconter.

Je ne m’explique pas ce vide qui s’est creusé au fil du temps et que j’ai laissé faire sans aucun doute. Je me suis lassée aussi des multiples invitations lancées, soit laissées en suspend soit jamais rendues, des appels pour prendre des nouvelles, peu rendus aussi, de personnes qui ne savent parler que d’elles sans se mettre à l’écoute de l’autre.

Pourtant, je crois que je suis au travail comme dans la vie : présente, à l’écoute, attentive ?

Il y a toujours un monde entre nos attentes et ce que l’autre peut donner. Il y a toujours un monde entre nos histoires d’amitié et celles des autres.

Une foultitude de choses me manquent aujourd’hui, et je trouve cette traversée du désert amical bien cruelle…