Le sens, l’essence

Professionnellement, j’ai atteint tous les objectifs que je m’étais fixé.

L’accompagnement d’abord, pendant treize ans. Des années difficiles, non pas du fait de mon métier mais plutôt de son environnement direct et des injonctions institutionnelles, intenables. J’ai aimé profondément accompagner. Marcher à côté, être une facilitatrice, un pont vers le monde de l’emploi. Au fil des années, je me suis endurcie, j’ai compris pourquoi je faisais ce métier, pourquoi je ne voulais plus le faire, j’ai pris du recul. Les années m’ont fait prendre la hauteur nécessaire pour ne plus porter mais rendre à l’autre.

J’ai été élevée avec la notion forte de solidarité et c’est ainsi que je me suis construite. Personnellement et professionnellement. Lorsque le sens de mon action ne m’apparaissait plus clairement, je me suis dirigée vers les ressources humaines. Un univers que je découvre, non sans difficultés, depuis un an.

Je suis sortie de ma zone de confort pour me mettre (un peu) en danger, pour me requestionner, me repositionner. Au quotidien, je suis bousculée sans cesse. C’est réussi ! La manière dont on recrute dans la grande machine à laquelle je collabore ne m’apparait pas toujours clairement…. L’organisation est traversée par des périodes relativement calmes et des soubresauts souvent violents pour tous les intervenants. Je compose, je m’adapte, je tiens un rythme soutenu, qui n’est pas toujours naturellement le mien.

Je fais tout pour ne pas me perdre, pour ne pas perdre le fil que je considère celui de la solidarité que je souhaite servir. Le lien social, au final, c’est ce que nous avons de plus précieux.

Ces dernières semaines, je me questionne beaucoup sur ma féminité.

Vaste sujet chez moi, depuis la puberté. Je me suis sentie femme, vraiment, entièrement, totalement, quelques années dans ma vie seulement. Des années de joie intérieure forte, de connexion profonde à mon être de chair.

Cette connexion n’est plus. A cause de mon poids d’une part et à cause de notre parcours en FIV d’autre part. Quelque chose s’est fané très certainement avec notre projet impossible d’avoir un enfant. J’ai laissé dans ce parcours, long, douloureux, des morceaux de moi. Le moi femme, le moi épouse, le moi fille de mes parents. J’en suis restée là peut être. La manière de me voir, de me vêtir aujourd’hui, l’image que je renvoie, que je me renvoie. Compliqué… D’autant plus lorsque l’on vit loin de son compagnon.

Brouillon le fil de ma pensée….

 

Publicité

10 réflexions sur “Le sens, l’essence

  1. Célestine dit :

    Brouillon, peut-être mais terriblement émouvant et fort;
    Une femme se questionne toujours sur sa féminité. Bien sûr tu n’as pas eu accès à la maternité, mais en es-tu moins femme pour autant ?
    L’image que tu renvoies ici est celle d’une femme profondément sensible, intelligente, et à l’écoute d’autrui.
    Une très belle personne, quelle que soit ton apparence.
    Quelqu’un dont on a envie de faire son amie.
    Douces pensées
    ¸¸.•*¨*• ☆

    • Cloudy dit :

      Tes mots m’émeuvent Célestine.
      Un merci sincère du fond du coeur…
      Je ne me sens pas moins femme parce que je ne suis pas maman, ni même parce que je suis en surpoids. Mais ces évènements m’ont profondément marquée et sont venus toucher des choses de l’enfance…
      Pensées amicales 🙂

  2. Kahina dit :

    Pas simple de se sentir femme. Je suis une épouse, je suis une maman mais en quoi je me sens femme, je ne le sais pas. Je me sens moi avant tout.
    Tu as plein de qualités qui ressortent quand je te lis, la ténacité, l’empathie, la fidélité, l’humilité. J’espère que tu trouveras les clés pour te sentir parfaitement bien.

    • Cloudy dit :

      Merci pour tes mots chaudoudoux Kahina.
      Je me sens de plus en plus moi aussi.
      Mais il y a ce quelque chose qui flotte…
      Je cherche les clés, en moi, ce qui n’est pas une mince affaire 😉
      Joli we

  3. AlainX dit :

    C’est curieux, en lisant la première partie de ton billet, avant que tu ne parles de ta féminité, je pensais : « ça, c’est un vrai parcours de femme », la solidarité, le regard sur l’humain, comme une priorité, un fonds de valeurs essentielles que, je le crois assez fortement, l’homme peut recevoir de la femme. Un homme ne parlerait pas de cette manière de son parcours professionnel. Bien sûr je généralise un peu. Il y a toujours des exceptions. Mais je ne crois pas être totalement à côté de la plaque.

    Ne pas perdre le fil de la solidarité. C’est le même fil que le fil de la femme que tu es.
    Celle que tu as ressentie dans ces années « de joie intérieure forte ». Elle n’a pas disparu. Et je crois que c’est toujours le même fil qui anime ta vie. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas les épreuves et les renoncements, comme la difficulté de la maternité, ou celle de l’image corporelle.
    le fil n’est pas cassé. Il est là. Tu peux lui tendre la main.

  4. capitaineecho dit :

    Je devais venir autrefois car j’ai ce lien!J’ai une amie qui a aussi essayé vainement d’avoir un enfant et qui a pris beaucoup de poids. Tu (m’autorises tu le tutoiement?) sais j’ai pris aussi beaucoup de poids mais pour une raison différente
    Tu dis que ton compagnon est loin et là j’ai des retours a faire ….Tu sais moi ma féminité c’est aussi un sujet entre mon moi profond et mon moi superficiel

    a bientôt

    • Cloudy dit :

      Bienvenue Capitaine Echo et merci pour ce message.
      Nous pouvons nous tutoyer oui 🙂
      Pour corriger mon propos, j’ai toujours été en surpoids, il n’empêche mais 3 FIV successives m’ont fait prendre beaucoup de poids que je tente de perdre aujourd’hui…

En direction du Cloudy World

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s