Le Livre

J’ai lu le livre, pris des notes, mis en application certains « exercices », pour moi, pour les personnes que j’accompagne.

Au départ, je ne lui donnais pas vraiment de crédit. Je trouve que l’écriture n’est pas harmonieuse, elle n’a aucune musique à mes yeux. Certains conseils font partie de la boite à outils du formateur, du coach, de l’accompagnateur. Ils sont connus comme Hérode.

Et pourtant, il creuse son sillon.

Le sillon qui dit « tu te gâches, vas faire autre chose, la vie est courte ».

Car oui la vie est courte et une fois encore, je me suis engagée dans un mur professionnel. Un mur, que dis-je, la muraille de Chine.

Oui, j’ai ce don pour me foutre dans des murs professionnels. A la différence près que ce que je pouvais supporter il y a trois ans encore, me devient insupportable à ce jour.

Je veux autre chose. Je mérite autre chose.

Je ne veux plus éteindre des incendies, me faire incendier (je suis décidément trop drôle !) par des responsables de service hautains et méprisants (c’est un peu pareils au fond…), qui souvent ne savent pas ce qu’ils veulent. Je veux des relations saines et douces, constructives, professionnelles. Je veux apprendre, m’enrichir. Je n’en peux plus de ce temps de travail hyper tendu, en permanence du fait d’absents que l’on ne remplace jamais.

Je ne veux plus faire 40 heures par semaine, assister à des réunions sans ordre du jour qui ne commencent et ne se terminent jamais à l’heure, je veux des commandes claires et réalisables. Tout simplement.

Je mérite de me lever le matin en me disant que je vais surkiffer ma journée, que je vais transmettre, recevoir, construire positivement. Je veux me sentir vivante, juste ça.

Le livre invite à réfléchir et à construire. L’auteur pousse à la réflexion sur sa mission « qu’est ce que je veux pour moi ».

Je le sais tellement et j’en suis si loin….

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Après le 7

 

Deux ans après que reste-t-il du 7 janvier ?

Une communion qui s’est évaporée, un état d’urgence permanent, des noms qui s’effacent peu à peu, des décisions politiques, des promesses peut être, un gout amer dans la bouche, un voile sur le cœur.

Je n’ai pas oublié, comment le pourrais-je d’ailleurs ? Avec ces évènements, il m’a semblé basculer dans un autre monde, quelque chose d’effrayant, quelque chose qui broie. L’humain, la notion de fraternité, de partage, de société.

Mais force est de constater que je suis passée à autre chose. A un après qui ressemble étrangement à avant. Après « tout ça », Charlie, Le Bataclan, l’Hyper casher, je me suis dit qu’il était temps. Temps de vivre autrement, temps de prendre le temps, temps de prendre soin (de mes proches, de ma grande personne), temps de relativiser un peu…. Mais je suis retombée dans le quotidien.

Je n’en suis pas fière.

Lire « la Légèreté » de Catherine Meurisse, c’est se raccrocher à ce fil. Celui de la vie malgré tout, celui des blessures qu’il faut panser et cela d’autant plus lorsque l’on a été au cœur de cette atrocité.

Son dessin est pur, beau, humble, j’ai envie d’ajouter féminin. Mais son propos est plus fort encore. La suivre conduit de la colère, au déni pour atteindre la beauté. La beauté avec un grand B, ponctuée de rencontres et de révélations.

Il faut lire Catherine Meurisse.

 

 

 

Paris…

Paris
Où fait-il bon même au coeur de l’orage
Où fait-il clair même au cœur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a fait jamais battre le cœur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré
Louis Aragon, 1944

Similitude

Edie est débordante, de chair, de kilos qui prennent toute la place dans sa vie et celle de sa famille. Une forte tête, imposante et pas seulement du point de vue de son poids. Edie est une femme de caractère, de convictions aussi.

Enfant en surpoids, elle n’a de cesse sa vie durant de grossir. Au grand de ses parents, puis de son mari et enfin de ses enfants.  Tous impuissants, incapables de de lui venir en aide.

Edie s’en fiche. La bouffe c’est son passe temps, à temps plein. Même lorsque les liens se délitent, même lorsque son corps la lâche.

L’auteur croque la lente descente aux enfers d’une famille juive, dont le pilier est cette mère omnipotente. Une femme avec une histoire, des attaches, des souffrances, quelques fantômes et des amours déçues. Autour d’elle, il y a la fille chérie, célibataire, célibattante, le fils prodigue qui a quitté le foyer un peu trop tôt et l’époux aux illusions perdues.

J’ai dévoré ce livre.

Tout chez Edie est attirant autant que repoussant. On a envie de la comprendre, de la prendre dans ses bras et parfois de lui mettre de grands coups de pieds au cul. Elle est arrogante, intolérante, chiante et pourtant diablement attachante dans ce qu’elle dit de son rapport à la nourriture, ou plutôt, laisse entendre…

 

La BD à lire : « L’Arabe du futur », Riad Sattouf

C’est sa voix sur France Inter qui m’a donné envie de me rapprocher de sa BD.

J’ai aimé la voix fluette de ce grand garçon de 36 ans, évoquant avec nostalgie et pudeur son enfance entre la Libye et la Syrie, entre un père syrien et une mère bretonne. Il y avait de la tendresse dans cette voix, de la retenue et du besoin de partage.

Alors je suis allée l’acheter. Et j’ai été profondément touchée tant par le dessin précis et minutieux que par l’histoire.

La sienne. L’histoire d’un couple mixte installé successivement au cœur de deux dictatures, avec un enfant au cheveu blond fier de son père tiraillé par deux cultures, soucieux pour sa maman. La vie souvent difficile est décrite à travers les yeux d’un enfant naïf et pourtant très ancré dans la réalité. La réalité de ces pays, le quotidien et les relations dans une famille loin d’être tendre et accueillante.

Dans ce premier tome qui retrace les premières années de sa vie, on lit l’amour, la fierté, le doute, le scepticisme aussi et la critique en filigrane.

Ce petit Riad, j’ai eu envie de lui prendre la main pour traverser ses nuits, envie de le soustraire à la bêtise crasse de ses cousins.

Un joli moment de lecture, une découverte, une vraie rencontre.

Né d'un père syrien d'une mère bretonne, dessinateur Riad Sattouf se moque tendresse figure paternelle, aveuglée panarabisme, décidée faire fils « L'Arabe futur ».

Le vent se lève, « il faut tenter de vivre »

Le Vent se lève« Kaze Tachinu » – Hayao MIYAZAKI

Synopsis : Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde.
Le Vent se lève raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l’épidémie de tuberculose et l’entrée en guerre du Japon. Jiro connaîtra l’amour avec Nahoko et l’amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l’aviation dans une ère nouvelle.

Source  Allo Ciné

Je ne vais plus au cinéma sinon pour y voir des films d’animation, dont je suis friande, parmi lesquels ceux de Miyazaki, d’une rare et belle poésie.

Il nous raconte des histoires d’homme et de vie tourmentée, dans lesquelles la nature verdoyante est généreuse tandis que les êtres sont pris dans le tourbillon du monde. J’aime cette magnifique image : la fleur qui se tient droite après le tremblement de terre.

Les éléments sont omniprésents, ils ramènent à la réalité, à la finitude.

A chaque fois, je pleure…

Cette histoire est d’autant plus prenante qu’elle est tirée de faits réels, elle est la dernière œuvre de Miyazaki, qui à 73 ans prend sa retraite. Certes, certains partis pris peuvent être discutés au regard de l’histoire mais là n’est pas l’essentiel. Il est est question ici d’amour (pour un femme, pour les avions, pour ses rêves) et de mort, de vie triomphante aussi.

Le film de la rentrée : Jobs

Visionnaire génial, patron excessif et tyrannique, père absent, homme coupé de ses émotions. Qui était vraiment Steve Jobs, de quoi ou de qui s’inspirait-il pour créer ?

Si Steve Jobs était un peu tout cela à la fois, on ne devine pas à travers le film par quelles forces il pouvait être mû pour mener à bien ses multiples projets : drogues, besoin de revanche sur la vie (Steve Jobs a été adopté), aucune réponse réelle n’est apportée.

Le film ne jette aucun voile sur ses parts d’ombres, nombreuses, qui ne rendent pas le personnage forcément sympathique.

Le biopic retrace la vie de Steve Jobs, de ses débuts (Apple, puis Lisa puis Macintosh), jusqu’au moment où il reprend les rênes de son entreprise, en y faisant un grand nettoyage. Car l’homme de dénuement n’en n’est pas moins un idéaliste qui pousse loin le concept du produit. C’est un puriste qui ne souffre aucune contradiction, qui mène son entreprise au coup de cœur.

Le film est honnête, sans doute moins puissant que le « Social Network », mais se laisse agréablement regarder.

Ashton Kuchter porte le film secondé par une multitude de seconds rôles. Les critiques ciné sont assez injustes je trouve avec le jeu de Kuchter. Il incarne le personnage d’une belle manière, sans l’effacer ni donner non plus dans la sensiblerie. Il s’est nourrit tant de la démarche, que de la voix ou enfin du regard pour rendre l’entreprise crédible.

Peut être que l’esprit de l’homme, son essence, repose (pour partie), dans le message très connu qu’il a lu aux élèves de Stanford en 2005 (http://www.evene.fr/celebre/actualite/discours-steve-jobs-stanford-2005-672682.php)

La BD du week end

Lorsque j’ai su qu’il était sorti, j’ai piétiné de joie, trop contente de pouvoir me jeter dessus.

J’ai attendu d’être seule pour pouvoir dévorer le dernier Margaux Motin, d’une traite. Le dessin de Margaux Motin c’est une insolence et une certaine classe parisienne, une légèreté mêlée à un trait sûr et « frais ».

Mais quelle déception !

Le dessin, comme toujours est impeccable,  le contenu, lui, ne me fait plus rire (est-il nécessaire de mettre bite-couilles, salope , sur presque toutes les vignettes ?), ni n’est plus aussi universel qu’à son habitude.

Margaux se fait larguer, Margaux a un nouveau mec, Margaux boit trop, Margaux est une mère indigne… Rien de très exaltant, à l’exception des dernières pages. Poétiques, belles, fortes, plus profondes, qui donnent à voir sur l’état intérieur de la dessinatrice. Le titre « La tectonique des plaques » prend dans ces dernières pages toute sa mesure et laisse entrevoir ce que cet album aurait pu être. Dommage.

Le film qui rafraichit

Insaisissables

4 illusionnistes et magiciens sont mystérieusement réunis. Ils donnent aux États Unis des spectacles époustouflants au cours desquels ils n’hésitent pas à voler l’argent de banques pour le redistribuer.

A leurs trousses, un agent du FBI pas très doué, flanquée d’une française d’Europol, un brin romantique…

Un bon divertissement d’été, un film qui va vite, une intrigue qui accroche, des personnages très intéressants et attachants. Le show opère. A cela s’ajoute des acteurs que j’apprécie vraiment beaucoup, parmi lesquels le GRAND Morgan Freeman, Mark Ruffalo, Woody Harrelson (très en forme) et Jesse Eisenberg. Côté français José Garcia dans un petit rôle et Mélanie Laurent peu mise en valeur.

Et puis, pour la première fois la magie est mise sur le devant de la scène de belle manière. Il n’est pas question de tours de passe-passe mais bien de grands shows à l’américaine qui collent des frissons.

La fin est bâclée, l’histoire d’amour naissante entre deux personnages n’apporte strictement rien au film mais tout le reste fonctionne étonnamment bien.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19513001&cfilm=182605.html

 

Le bouquinage de l’été

Intimité par Kureishi

Le pitch de l’éditeur « Ce soir, la cause est entendue : il ne veut plus de Susan, cette femme « dont il sait presque tout ». Après six années de vie commune, quelques mensonges, par bonté, deux fils à élever (trois et cinq ans) qu’il adore, le narrateur, à bout de souffle, prépare son départ, conscient que le désir a déserté la maison. Une dernière nuit à contempler seul cette rupture, à solder pour de bon cette union, consentie pour « nous frustrer et nous punir mutuellement ».

L’avis de la lectrice : Les tergiversations, les errements, les questionnements et certitudes d’un homme qui va quitter sa femme. Parce qu’il le doit, parce que malgré leurs deux enfants, ils sont devenus des étrangers l’un pour l’autre. Un manque d’amour, de considération, d’admiration s’est emparé d’eux.

Quelques longueurs, un personnage central assez peu sympathique au fond, auquel j’ai eu envie de mettre des claques. Mais cet homme en crise est un adulte qui sait que quelle que soit la décision prise il va souffrir et faire souffrir. Le cheminement est poussé à son extrême mais il est présenté avec justesse. Et puis, il montre de manière assez clinique le processus de désamour, deux êtres qui se sont plu se tapent sur les nerfs et finissent par être des étrangers l’un pour l’autre.

Notation : ♥

Un été sans les hommes par Hustvedt

Le pitch de l’éditeur « Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu’elle, Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui a, depuis la mort de son mari, pris ses quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilatoire résilience dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l’œuvre chez les sept adolescentes qu’elle a accepté d’initier à la poésie le temps d’un été, tout en nouant une amitié sincère avec Lola, jeune mère délaissée par un mari colérique et instable… »

L’avis de la lectrice : Si l’été se déroule sans les hommes, ils sont partout. Dans la figure du père absent mais aimant, parfois violent, dans celui du mari volage, du frère suicidaire, du harceleur… Des hommes qui marquent d’une manière ou d’une autre les enfants, les jeunes filles puis les femmes et enfin les mères.

Grosse déception que la lecture de ce livre. Un roman fourre-tout, à tiroir, des histoires qui s’enchevêtrent. Je n’ai d’ailleurs pas toujours compris en quoi elles servaient le propos. La narratrice s’adresse à son lecteur de manière totalement décalée et indélicate, une fin qui m’a donné le sentiment d’être un peu bâclée, des théories fumeuses sur l’égalité homme_ femme. Pourtant il y avait ici matière à faire quelque chose de grand. Pour montrer la transmission, l’héritage, la filiation. Il y a dans ce livre plusieurs communautés de femmes très attachantes, chacune à sa manière, malheureusement peu mises en valeur (à l’exception d’Abigail peut être et de la petite Flora).

Les morues par Lecoq

Le pitch de l’éditeur «  C’est un roman qui commence comme cela :
« Au début, il y a la sonnette – et la porte qui s’ouvre et se referme sans cesse. Des pas qui résonnent dans l’entrée. Et des embrassades, des « ah », des « oh ». T’es déjà arrivé ? J’croyais que tu finirais plus tard le taff. Ouais, mais finalement j’ai bien avancé. Hé, Antoine on va pas parler boulot ce soir, hein ? Ça serait de la provoc ! Un brouhaha généralisé. Des verres qui tintent. T’as apporté les bougies ? Non c’était à Ema de le faire. »
Et c’est un roman qui commence aussi comme cela :
« Depuis une dizaine de minutes, Ema gardait la tête obstinément levée vers la voûte. En suivant des yeux les courbes compliquées des arches gothiques de l’église, elle espérait éviter de pleurer. Mais d’une elle commençait à avoir sérieusement mal à la nuque et de deux il devenait évident qu’elle ne pourrait pas échapper aux larmes de circonstance. »
C’est donc l’histoire des Morues, d’Ema et sa bande de copines, de ses amis, et, si l’on s’y arrête une minute, c’est le roman de comment on s’aime en France au début du XXIe siècle.
Mais c’est davantage. »

L’avis de la lectrice : Un pur roman de vacances, pas prise de tête, enlevé et drôle, qui ne s’épargne pas quelques longueurs. Rafraichissant,  à lire si tu tombes dessus.