20 heures le 10 juillet 2018

C’est le grand soir, celui de l’affrontement footballistique.

Le temps est comme suspendu.

Personne sur la grand route, pas plus que sur les routes de ma bourgade.

Je n’ai pas tôt ouvert la porte de ma voiture et posé le pied par terre que j’entends le cri de mon voisin, un grand « merdeeeeeeuh » tonitruant.

Il est curieux ce pays qui se met entre parenthèse, le temps d’un match de foot, entre deux nations amies. Comme si on cherchait à ressentir un lointain 1998, qui nous avait conduit à la victoire, à la croissance, à une nouvelle forme de vivre ensemble.

Tout cela est si loin aujourd’hui. Notre Monarque Président pose son injonction à gagner, comme si l’essentiel était là (où sont passées les notions de fair play, de plaisir, d’équipe, de construction collective….?). C’est comme si notre seul espoir résidait en cette victoire.

Il devient triste ce pays qui n’a plus de figures en lesquelles se projeter ou croire, qui ne rêve que d’argent, de représentation, d’une forme de facilité.

Bien sûr que je serai heureuse…. si le meilleur gagne.  Mais cette ferveur, pour un sport, me questionne et m’attriste quelque peu.

 

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Déjà maintenant

Ça y est, on y est.

Je veux dire, c’est déjà 2017.

Je me souviens avec une extrême précision dans quel état j’étais il y a un an.

Il me restait un mois à faire dans ancien travail. J’étais excitée, terrifiée et néanmoins anesthésiée car sous anti dépresseur. Je n’avais qu’une envie : voir du large, changer d’horizon, apprendre.

J’ai réussi mon coup… Non sans y laisser, encore, quelques plumes. 10 mois que je travaille dans une équipe incomplète, 10 mois que je cravache, que je ne parviens pas à lever la tête du guidon.

Émotionnellement, je me retrouve dans les mêmes pas qu’il y a un an. Étrangement  en arrière. Professionnellement, un nouveau chantier m’attend. Un nouveau challenge dont je ne suis pas certaine de vouloir. La stabilité espérée ne sera pas au rendez-vous.

Définitivement la vie va trop vite pour moi. La vie professionnelle, la vie 3.0, où tu n’as pas fini d’exécuter les dernières directives que déjà il faut penser à celles d’après demain.

Je me sens un peu prise au piège… Sans plus d’horizon qu’en 2016. d’ailleurs, comme l’année dernière, je n’ai envie de rien… Pas de résolution, pas de projet particulier.

Des besoins. Juste des besoins :

  • me remettre à lire, ce dont je suis incapable depuis un an
  • prendre du temps pour moi
  • manger mieux,
  • prendre soin de mon corps.

Juste ça, me remettre au coeur de moi.

 

Les larmes, encore

Elles sont revenues cette semaine, de manière intempestive, incontrôlables, intarissables.

Elles ont des choses à me dire, sans nul doute.

D’abord le fait d’avoir dû travailler 6 mois  pour 2, en l’absence de ma collègue. Un vrai challenge alors que je venais tout juste d’arriver dans ce nouveau métier, ce nouvel environnement, cette nouvelle équipe. Ces 6 mois m’ont révélé que je pouvais y arriver, que j’ai en moi cette force de travail et finalement d’adaptation. Ces 6 mois, paradoxalement, ont aussi mis à jour que je me sens bien mieux sans cette collègue… Ils interrogent, encore, la place que je me donne, la confiance que je m’accorde.

Je renoue avec la fatigue du corps et de l’esprit suite à ce contexte particulier. Des situations déjà éprouvées dans le passé et dont je ne suis pas sortie indemne. C’est drôle comme la vie nous ressert (jusqu’à la lie) ce qu’on n’a pas su digérer.

Enfin, l’insatisfaction dans ce travail, celui de n’être pas employée pour mes compétences réelles, de ne plus évoluer dans une organisation apprenante. J’éprouve une grande frustration, de l’insatisfaction. Il est difficile de s’inscrire dans des organisations, de plus en plus fragiles, qui avancent  avec des plans non plus annuels mais mensuels. C’est usant et le sens s’en trouve dilué. Ma croyance est qu’on ne peut pas investir dans le court ou moyen terme, lorsque l’on s’occupe de « l’autre », de même qu’on ne peut pas faire des économies sur le dos des gens. Mes réflexes d’ex « travailleuse du social » sont bousculés.

Des larmes du temps qui passe et qui ne se rattrapera jamais. Des larmes de regret. Des larmes de renoncement.

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Brand New World

Nouveau lieu de travail

Nouvel établissement (labyrinthique)

Nouvelle équipe

Nouvelle direction

Nouvelle mission

Mais toujours le même tract, les mêmes crispations, les mêmes doutes énormes

Je ne suis pourtant pas une débutante. Ni dans la vie, ni dans le domaine.

Quelle plaie. Celle béante du manque de confiance.

Je me rends compte, au bout de deux jours, que ce changement est arrivé au bon moment.

Je suis restée si longtemps dans une certaine zone de confort avec mes habitudes, mes mécanismes.

Je dois tout réapprendre, que ce soit techniquement mais aussi humainement.

Je suis surprise très positivement sur un certains nombre de points, notamment la relation, si difficile d’où je viens.

Et effarée par le manque de cadre, d’outils, de process, si importants pour moi (et d’où je viens aussi).

La formation tout au long de la vie n’est pas un vain mot pour moi. Je mets en pratique et pour moi et pour pour mes candidats, ce que j’ai toujours prôné  jusqu’alors.

Ce poste, cette nouvelle vie professionnelle sont une vraie chance pour moi et pourtant, je me sens prise au piège. Sur un poste où il faut encore donner 150 % de son énergie, car il s’agit d’accompagner des personnes, lorsque je ne suis en mesure de ne donner que 90 petits %.

J’ai tellement donné et peu reçu par le passé. Aujourd’hui, je voudrais me consacrer… à moi et à ma vie tout simplement…

 

Partir un jour

Faut-il attendre la dernière minute,

Le moment du départ,

Pour recevoir de la reconnaissance, pour partager une joie toilettée de toutes les rancoeurs passées, pour se souvenir ensemble de tout le meilleur

Pour se chuchoter l’attachement, l’admiration parfois

Que de temps perdu à se côtoyer sans apprendre à se connaître vraiment, à frôler les lignes sans lever réellement la tête du guidon

C’est drôle de lire ce que les autres gardent de nous, de l’insoupçonné, du surprenant, de l’émotionnant aussi

Il n’est jamais trop tard pour prendre, se nourrir, savourer…

 

 

Anicroche

Je ne me souviens plus très bien quand j’ai fait un pas de côté.

Lorsque certaines collègues m’ont reproché de n’avoir pas été invitées à notre mariage ?

Lorsque remise en cause par un partenaire j’ai demandé un soutien franc et massif de mon équipe et qu’il n’est arrivé que par une personne, les autres restant totalement muets ou se manifestants lorsque l’orage était passé ?

Les relations s’effilochent depuis quelques mois déjà.

Nous ne partageons plus la même manière d’envisager notre métier. La tiédeur de certains me révulse, notre manière de nous conformer en supportant toujours plus de la part des institutions, incapables de se connecter au terrain m’épuise chaque jour un peu plus.

J’ai souvent eu des périodes down. Elles alternaient immédiatement par une nouvelle énergie, le sentiment prégnant que j’apprenais encore.

Si on ne fait jamais le tour de l’humain, aujourd’hui j’ai la sensation de connaitre mon métier, sa pratique sur le bout des doigts.

Mon métier, lentement, est devenu alimentaire, certains enjeux me glissent sur le cuir, les projets à venir m’indiffèrent.

Ma seule obsession demeure dans l’autonomisation de mes candidats (faute de trouver des offres), dans la confiance et l’énergie que je me dois de leur insuffler.

Mes collègues, véritables compagnons, soutiens depuis 12 ans, ne sont plus que des collègues de bureau.

Lentement les cordons se coupent…

Ne garder que le meilleur

J’aime le lundi, lorsque nous nous saluons les uns autres. Nous nous connaissons bien maintenant et devinons à la mine de l’autre comment il a passé son we et s’il est ou non au top de sa forme.

J’aime les messages que nous nous envoyons parfois en off, pour relire la journée, rire d’un épisode de la semaine, dédramatiser, nous soutenir.

J’aime le vendredi après midi, lorsque c’est la fin de la journée et que nous décompressons dans le bureau de l’un ou de l’autre.

J’aime certains repas, où le rire et le partage sont de mise, où autour d’un gâteau ou d’un café nous mettons un quotidien parfois dévorant.

J’aime les conversations sur le pas de la porte. Pour avoir un conseil, pour débriefer, pour rire, parfois pour décompresser.

J’aime les regards que nous nous adressons parfois, les petits mots pour nous soutenir. Juste ça, rien de plus, dans le respect et la bienveillance.

J’aime cette façon que nous avons tous et de manière personnelle d’aborder l’accompagnement. Ce qui nous lie c’est cette croyance en l’autre, la même philosophie, le même sens du service public (décrié mais qui fait tellement sens pour nous).

J’aime notre manière de faire front. Ensemble, nous avons vécu le pire et le meilleur. Nous y avons laissé tous une part de nous et avons grandi. En collectif.

Aujourd’hui, c’est cela qu’il me faut regarder.

Juste ça

Revue de semaine

Lundi, il y a eu un clash.

Comme il y en a de nombreux en ce moment. On aimerait ne pas s’y arrêter mais malgré tout, ça griffe un peu. La fin d’année approche, les nerfs sont en pelote, nous sommes tout-es à bout. Aussi, la moindre petite chose prend d’énormes proportions, qui n’ont pas à être selon moi. Est-ce l’atmosphère ambiante, cette violence qui nous arrive de toute part, qui même si nous nous en protégeons, vient nous heurter ?

Mardi, il y a eu une interminable réunion.

La réunion qui commence avec 15 min de retard, à l’autre bout de la grande ville que tu mets 15 plombes à la traverser, 1 h pour rentrer chez toi, avec un ordre du jour pas respecté ou ça piaille…. Ce temps, que j’estime perdu, m’irrite. Je ne supporte plus cette tendance à la réunionite aiguë où le message fondamental est dilué dans le « bruit ».

et  un MEGA problème avec les impôts. Sauvée dans mon désespoir par une blogueuse (sois en ici vivement remerciée !) et rassurée par une adorable contrôleuse qui a su calmer la dyscalculique je suis. Grosse angoisse finalement vite résorbée. J’en témoigne ici, il y a des personnes très sympas et compréhensives dans les centres d’impôts !

Mercredi, il y eu une conversation émotion avec une lointaine amie

Parler de mon projet de parentalité ne me met plus dans le même état d’émotion qu’il y a quelques semaines. C’est un signe pour moi, sinon de guérison, au moins d’avancée. Pour autant, il y encore des choses vives, qui font mal, sur lesquelles je dois encore travailler. Nous avons décidé, en accord avec notre gynéco et notre biologiste de décaler la date de notre seconde FIV et nous n’en avons parlé à personne.  Cela renvoie trop de choses à la fois à nos parents et aux parents qui nous entourent. Cette deuxième aventure ne sera que la nôtre. Alors, j’élude, voire je mens. Ce qui n’est pas des plus agréable, mais qui me protège un peu.

et un RDV révélation. Depuis des semaines, je fais passer de nombreux messages à une personne : travailler sur sa présentation, son agressivité qui fait qu’elle ne passe pas en entretien. Jusque là, elle ne m’a jamais entendue, pétrie qu’elle est par sa douleur et sa déception légitime. Et puis mercredi, après les larmes, l’acceptation. Quel chemin que celui ci. Accepter la souffrance, laisser tomber le masque, prendre enfin la main tendue. Nous nous sommes rencontrées.

Jeudi, il y a eu de la tension familiale

A l’approche de Noël, c’est une tradition avec mon auguste mère, on se frite. C’est fou comme cette « fête » cristallise des choses chez nous. Je constate aussi, avec une pointe d’amertume, que nous ne serons jamais d’accord sur ce point : non Noël n’est pas le jour  où l’on DOIT tous se retrouver pour MANGER.

et les annonces de Najat Vallaud Belkacem, pour protéger les femmes victimes de violences conjugales. ENFIN ! Une nouvelle rassurante pour les femmes qui osent se déclarer et pour celles qui grâce à cela oseront peut être.

Vendredi, il y a eu de la douceur

Dans l’air, entre collègues, dans mes rendez-vous. Rien de mieux pour clôturer cette semaine chargée.

Bilan

Miss tic la Butte aux Cailles

Miss tic la Butte aux Cailles

Un mois que j’occupe mon nouveau poste.

Déjà.

Le temps file incroyablement.

J’ai rencontré chacun de mes collègues individuellement, j’ai fait un point sur nos outils, notre « démarche », j’en ai tiré des objectifs et un plan d’action à faire valider par Vénérable Directrice pour amorcer l’année, sur de nouvelles bases je le souhaite.

Cette prise de poste me demande beaucoup de travail, ce qui est naturel. J’étais loin, cependant, d’imaginer une telle somme de travail, un tel investissement.

Je me retrouve confrontée au stress de mes débuts : le besoin de planifier, de tout maitriser rapidement pour me rassurer, avoir des résultats significatifs rapidement. Car bien sûr être exposée, n’est pas tout à fait anodin.

Depuis un mois, je vois où est ma compétence et où sont mes limites tant techniques qu’humaines.

Si je n’ai pas à manager mes collègues directement, j’ai à animer et piloter des actions et projets dans lesquels ils sont directement investis.

Comme à mes débuts, je mets la barre haute, à mes dépends parfois.

Je touche avec ce nouveau poste, ce qui s’est toujours joué pour moi. Réussir. Comme une revanche.

J’ai toujours rêvé faire de brillantes études, Sciences Po, pour être exacte. Je me rêvais dans la politique (un rêve vous-dis je) ou dans un poste prestigieux intellectuellement.  Je me voulais cultivée et « intelligente ». C’est mon métier qui m’a fait comprendre à quel point tout cela est un brin superficiel, c’est aussi ma réalité, qui m’a fait reprendre contact avec la réalité.

En effet, j’ai toujours été une élève relativement moyenne, j’ai toujours dû étudier deux fois plus que les autres pour atteindre des résultats « corrects ». Je ne suis pas aussi cultivée que je le souhaiterais, j’ai abandonné certaines aspirations (et rendu ma carte de parti…) et ce n’est qu’après 10 longues années de terrain que j’ai franchi le Rubicon.

Lâcher du lest, me traiter en bienveillance, ne pas me laisser envahir par des demandes que ma fonction ne me permet pas de traiter, renvoyer chacun à ses responsabilités individuelles et collectives, tel est l’enjeu.

Je touche du doigt parfois, un sentiment proche de la jouissance, parce que je m’éclate. Je réfléchis, je crée, j’avance. Puis à d’autres moments, je suis proche du désespoir. Nos objectifs, dans le contexte actuel, me semble intenables et hypocrites. Nous faisons face, où que nous soyons sur le terrain à une crise, celle que vivent les entreprises et au désarroi de nos candidats. Lesquels sont de plus en plus éloignés de l’emploi, de plus en plus abîmés par la recherche, par ce que renvoient les institutions.

Œuvrer dans le secteur de l’emploi aujourd’hui est un leurre.

Sauter le pas

J’ai dit oui, la boule au ventre et je l’ai regretté immédiatement après, comme je le fais pour toute chose.

J’avais pourtant le sentiment d’avoir suffisamment réfléchi, d’avoir pris la mesure des choses : le poste, ses avantages, ses inconvénients et tous les enjeux autour.
En amont, j’ai pris l’avis de plusieurs personnes de mon entourage et de Namoureux. Tous m’ont encouragée, Namoureux lui a attiré mon attention sur ma fragilité actuelle.

Ce qui m’a décidée, c’est le rêve que je nourris depuis longtemps d’accéder à ce type de poste. M’éloigner un peu de l’accompagnement pour aller sur du projet, de la coordination.

Je sais très exactement pourquoi c’est moi que l’on a choisit. Ma rigueur et ma personnalité des plus consensuelle. Je suis faite de ce bois qui ne fait pas de vague…

Après avoir dit oui, j’ai paniqué et j’ai failli faire marche arrière. La tâche est immense et moi je me sens toute petite. Petite comme la petite fille planquée tout au fond qui a grand besoin d’être rassurée, qui n’a pas confiance.

Mais un employeur, qui vous connait depuis dix ans ne vous prend pas dans ses bras pour vous rassurer.

J’ai beaucoup pleuré, parce que sauter un grand pas, demande beaucoup d’énergie et vient toucher l’émotionnel.

D’ailleurs, sauter le pas, c’est devenir grande. Je serai plus exposée (je vais courir, déjà, pas moins de 5 réunions d’ici à la fin novembre), je vais devoir aussi « gérer » une équipe que je connais sur le bout des doigts depuis 10 ans. Le challenge est là. Écouter, respecter les personnalités de chacun-chacune (et leurs susceptibilités), insuffler une dynamique.

En faisant le bilan de ces dix années, j’ai mesuré à quel point tous les changements se sont produits dans la douleur. Le plus positif pour moi dans ce métier, c’est l’autre. Celui que j’accompagne, que je dois rencontrer, décrypter à chaque nouveau RDV. Mais au bout de 10 ans, il y a une misère, des difficultés récurrentes éreintantes, que je n’ai plus vraiment envie d’affronter aujourd’hui.

J’ai dit oui comme on dit oui à la glace au chocolat alors qu’on aime tout autant la glace à la vanille (hasardeuse cette comparaison, je le reconnais…).