Je suis partie pour 4 semaines, qui se sont transformées en 6 puis 8 et enfin je quitterai la clinique qui fait perdre des kilos, au bout de 11 semaines.
En venant ici, dans la ville où je suis née, je m’attendais à un nouveau départ. Une renaissance. Mais on ne repart jamais vraiment. On continue différemment.
J’ai perdu peu de poids mais pris du muscle, mon corps a changé. Je me suis aérée, j’ai fait du sport, mangé moins et mieux. Je me suis remise à dormir correctement, je n’ai plus eu de maux de ventre, plus de migraines, plus de stress, plus de crises d’angoisse, plus d’eczéma.
Il m’a semblé revivre au milieu d’autres que moi habités par la même maladie, les mêmes troubles. Car oui, je peux l’écrire l’hyperphagie est une maladie, la compulsion alimentaire une addiction qui balaie beaucoup de choses sur son passage : confiance, image de soi…
J’ai appris sur moi, grâce aux autres, grâce à de formidables professionnels, patients, parfois rentre dedans mais toujours à l’écoute. J’ai retrouvé du sens, une place que je ne m’accordais pas, on a pris soin de moi.
J’ai compris à quel point les autres avec un grand A peuplent ma vie. Au boulot, à la maison… Mais je m’étais désertée, à bout de force. Éreintée par les FIV, des préoccupations professionnelles, des bobos à répétition, des deuils.
J’ai compris à quel point j’aime mon métier, à quel point accompagner l’autre m’a fait grandir, donné une identité professionnelle et renforcé des qualités personnelles. Mais je ne peux plus l’exercer aujourd’hui.
J’ai compris le fonctionnement de ma famille, conscientisé des choix, mis des mots sur mon besoin de manger. Je me suis enfin avoué que je suis dépressive et que j’ai besoin d’aide.
Tous ensemble, nous avons ri, beaucoup pleuré, avancé d’une manière ou d’une autre, dans la douleur ou pas. Le groupe nous a permis de murir individuellement.
Pour toutes ces raisons, je ne regrette rien même si je sais que le plus dur reste à faire. A partir de la semaine prochaine, je reprends ma vie où je l’avais laissée.
A quelques petites choses près…
Je ne peux qu’être impressionnée. Je ne peux que t’envoyer de la force (les Tourbillons regardent La Guerre de Etoiles, je dois être influencée dans le choix des mots ?!) pour cette vie qui reprend, cette vie qui continue, cette vie que tu as su « chambouler ». Alors je pense à toi, et prends soin de toi.
Des sourires d’ici (pas de bises… l’angine est tenace : )
Je prends Sophie la force d’où qu’elle vienne.
Merci !
Prends soin de toi aussi 🙂
Grandir individuellement à plusieurs… C’est tellement ça !! Evidemment, j’imagine que quitter ce cocon doit générer quelques craintes, mais on te sent beaucoup plus forte à la lecture de cet article. Ne serait-ce que d’accepter ses faiblesses, c’est une immense force !! Bises.
Merci Julie 🙂
Pétrie de craintes à l’approche de la sortie oui.
Vivement la fin de l’année….
Tu avances tranquillement à ton rythme…. Bon retour!!
Merci 🙂
Je pense à toi souvent, il faut que je te réponde d’ailleurs.
Merci pour tes mots qui m’ont fait du bien.
Bizettes
Répond quand tu veux et si tu as envie d’un pt coup de fil ….:)
Le travail sur soi dans ce genre de centre est tellement important, les rencontres qu’on y fait aussi, qu’on ne ressort pas comme on y est entré…La vie met des gens sur notre chemin qu’on ne voit pas longtemps mais qui nous apportent beaucoup…
Courage pour le retour à la réalité…
De belles rencontres oui. Tant du côté des patients que des soignants.
Je ne suis pas prête de les oublier, je vais les porter en moi encore un peu.
Moi c’était pour un problème différents mais 10ans après je les portes toujours en moi, et un lien particulier nous unit…
un beau chemin en perpective, le sentier n’est pas le plus facile mais il est et il existe
Avec plus de confiance, ce serait mieux 😉
Très bon we
Une parenthèse riche et salvatrice, une mise au point avec toi-même qui compte plus que les kilos perdus. Ils suivront d’ailleurs, j’en suis certaine, mais finalement ce n’est pas le cœur du problème, ce n’en est qui le symptôme…
Tu vas pouvoir avancer et construire, que cette cure se soit produite avant ton mariage est une très bonne chose, mais ce n’est sans doute pas fortuit 😉
Merci pour ces mots nourrissants 🙂
Il se trouve que la date tombe bien en effet, j’espère m’affiner d’ici là 🙂
bonsoir cloudy, j’ai connu une période où m’occuper des autres à travers un travail me faisait dépérir après m’avoir « nourrie » aussi ça me parle bcp vos mots, merci de votre partage et bon retour chez vous et « en vous »
Merci 🙂
Bon courage pour la sortie. Le partage sur le blog, c’est un bon miroir…
Merci beaucoup. Plus la date approche plus le ventre se noue…
Je me suis retrouvée 10 ans en arrière avec tes mots… la sortie est pas simple, mais tu vas y arriver !! Quant à moi, je suis (de nouveau) née arès ce séjour qui était indispensable à ma survie… En revanche, j’étais plus malléable, car plus jeune, alors j’imagine bien que toutes ces questions et tous ces changements alors qu’on a amorcé sa vie perso, sa vie pro, qu’on a connu des échecs et des réussites, c’est vraiment pas simple…. Alors just Bravo et Go !! Des bisous
Je lis ce témoignage avec un peu de retard, mais je te laisse quand même un mot, parce que t’es mots font écho assez fort… La nourriture, les images, tout ce dont on se « gave » assez constamment… Le temps est beaucoup plus long, et, quand on ne va pas bien, beaucoup plus -lourd- quand la télé s’éteint et que les placards sont vides…