Pesanteur

J’ai pris mon poste avec une semaine d’avance. Sans pouvoir « tuiler » avec celle que j’allais remplacer, car moi-même je ne l’étais pas sur mon poste. Ma remplaçante vient d’arriver mais je n’aurai pas plus de temps avec elle, tant il y a à faire sur mon nouveau poste.

Les cordonniers sont définitivement les plus mal chaussés.

Nous qui sommes « spécialistes » de l’emploi et accordons une attention toute particulièrement à la manière dont nos candidats sont accueillis et prennent leur poste en entreprise, nous sommes incapables de nous l’appliquer.

Je cours dans tous les sens, je découvre, je déchante ou m’enchante, c’est selon.

Cette nouvelle place qui est la mienne est inconfortable. Je ne suis plus tout à fait conseillère emploi. Mon poste de chargée de mission m’éloigne de mes collègues, me permet de prendre une certaine distance, m’oblige à analyser ce que je ne voyais pas jusque là, à devoir trouver des solutions harmonieuses tant la résistance au changement est prégnante. Cette transition est particulière, difficile par bien des aspects, je prends ce poste dans une relative solitude, avec des compétences nombreuses à construire.

Dans le même temps, je prépare un « concours », que je présente début novembre.

Aussi, j’ai le sentiment de ne plus toucher terre. Mes journées filent à la vitesse de l’éclair, sans que j’ai le temps de me poser.

Elle est curieuse cette sensation d’avoir toujours eu à me battre pour monter les échelons. Et puis, il y a cette récurrente question qui vient s’abattre sur moi : celle de la légitimité.

Ma direction a pensé à moi pour ce poste, ce n’est pas tout à fait anodin. Mes collègues ont pris la nouvelle avec sérénité, ce devrait être un signe aussi. Mais non, c’est contre moi que je me bats et cette légitimité que je ne me donne pas.

La légitimité de l’être et la légitimité de la professionnelle. En écrivant cela, il me semble que je boucle la boucle et que tout s’éclaire…