C’est le grand soir, celui de l’affrontement footballistique.
Le temps est comme suspendu.
Personne sur la grand route, pas plus que sur les routes de ma bourgade.
Je n’ai pas tôt ouvert la porte de ma voiture et posé le pied par terre que j’entends le cri de mon voisin, un grand « merdeeeeeeuh » tonitruant.
Il est curieux ce pays qui se met entre parenthèse, le temps d’un match de foot, entre deux nations amies. Comme si on cherchait à ressentir un lointain 1998, qui nous avait conduit à la victoire, à la croissance, à une nouvelle forme de vivre ensemble.
Tout cela est si loin aujourd’hui. Notre Monarque Président pose son injonction à gagner, comme si l’essentiel était là (où sont passées les notions de fair play, de plaisir, d’équipe, de construction collective….?). C’est comme si notre seul espoir résidait en cette victoire.
Il devient triste ce pays qui n’a plus de figures en lesquelles se projeter ou croire, qui ne rêve que d’argent, de représentation, d’une forme de facilité.
Bien sûr que je serai heureuse…. si le meilleur gagne. Mais cette ferveur, pour un sport, me questionne et m’attriste quelque peu.