Corps défendant

Toute une vie à cohabiter.

A naitre, grandir, souffrir, aimer, rire ensemble.

Toute une vie à le porter, à devoir l’assumer, à l’afficher, qu’on le veuille ou non.

Parfois, il nous « ressemble » et c’est une chance folle et parfois, il ne nous ressemble pas.

Alors, la vie ensemble devient un calvaire.

La vie avec mon corps a été difficile pendant près de 35 ans. Les prises de poids, les pertes de poids drastiques, le corps déformé, endolori, semblant évoluer à côté de mon esprit, mon âme, ma tête…

A 40 ans, nous commençons à mieux nous entendre, à discuter, à parlementer, à vivre tranquillement l’un avec l’autre. Pas en paix non, juste tranquillement.

A 40 ans, j’ai renoncé. A avoir un beau corps, à bouger avec aisance, à attirer de beaux hommes, à avoir une histoire avec eux, à avoir des enfants, à mettre de jolies robes au dessus du genou, à m’affamer.

Je n’ai pas choisi d’assumer, j’ai décidé de me regarder et de faire avec. Avec les bourrelets, avec les fesses rebondies, avec …tout le reste.

Ça se remet un peu à bouger à l’intérieur, ça revit et ça refleurit.

Et puis BAM. La pré-ménopause.

Ce qui semblait loin, comme un lointain et mauvais souvenir, revient devant et prend toute la place.

Ce sentiment diffus, de n’avoir jamais vraiment été une femme et de ne plus l’être tout à fait. Déjà, si jeune. Perdre définitivement l’illusion ancrée au fond de mon cœur que je pourrais être mère.

C’est comme si tout le chemin était à refaire. Encore et encore…

14 réflexions sur “Corps défendant

  1. lobservatricepastoujourssilencieuse dit :

    Décidément en te lisant je me dis que nous passons notre vie à combattre, à nous combattre de diverses façons.
    La pré-ménopause est une vraie merde je le reconnais, j’en bave et je n’ai pas tes problèmes avec la maternité mais je comprends tellement !
    Moi je suis passée d’un corps avec lequel je séduisais à un gros corps flasque qui m’oblige à me regarder différemment mais du coup j’ai (un peu trop) laissé tomber la séduction !
    Tellement compliqué de « faire avec » son corps.
    Je t’embrasse fort

    • Cloudy dit :

      Oui compliqué…
      Je suis étonnée de mon côté que ce soit si peu évoqué, à la limite du tabou.
      Par ailleurs, j’ai trouvé très peu d’ouvrages sur la question.
      Bizettes toi 🙂

      • lobservatricepastoujourssilencieuse dit :

        J’en apprends plus en parlant avec les femmes concernées et un peu sur le net sur des forums…… Bon samedi ma douce

      • Cloudy dit :

        Contrairement à toi, je n’ai pas trouvé de forum.
        Néanmoins, je suis étonnée dans mes échanges avec certaines de mes proches que des mots ne se disent pas, que des termes soient tus. Comme si certaines choses n’étaient réservées qu’aux hommes.
        Comme si nous avions renoncé, comme si, pour cela encore, il fallait que l’on fasse seules dans notre coin et puis c’est tout…
        Belle fin de journée à toi

  2. Célestine dit :

    Je comprends et je compatis.
    La vie d’une femme est ponctuée de tragédies grandes et petites, et le rapport avec son corps n’est jamais simple.
    De l’adolescence à la ménopause, toute une vie de chagrins et de joies hormonales, de douleurs et de mauvais moments à passer. C’est dur. Avec en plus cette horloge biologique qui compte le temps à toute allure…
    Mais dis-moi, j’ose une question bête, vu que je ne te lis pas depuis assez longtemps. L’adoption, tu y as pensé ?
    Je t’embrasse du mieux que je peux, fort mais pas trop pour ne pas te faire mal.
    Kisses ma cloudy
    ¸¸.•*¨*• ☆

    • Cloudy dit :

      Les bisous ne font pas mal chère Célestine ! Je prends 🙂
      Nous avons pensé puis invalidé toutes les « autres » solutions pour avoir un enfant.
      Très belle fin de semaine ma Célestine 🙂

  3. sylvie dit :

    tu as raison, c’est une cohabitation qui passe par tous les états mais c’est chouette en même temps ne trouves-tu pas! c’est vrai que c’est parfois difficile, surprenant, déconcertant mais c’est une expérience incroyable, bises chaleureuses

    • Cloudy dit :

      Je ne sais pas si c’est chouette, cela l’a rarement été pour moi en tout cas.
      C’est une expérience, oui. En cela elle fait grandir.
      Douces pensées 🙂

  4. lalalaitou dit :

    Oh ben. Oui. Le deuil ce n’est pas « en avoir un jour fini avec ». On nous emmerde avec « faire son deuil ». C’est autre chose. Je ne connais que la version mort tragique. Mais ne pouvoir être mère doit procéder d’une comparable acceptation inacceptée.

  5. mouchette dit :

    C’est un bien joli texte. J’ai aimé le lire mais pas la fin. C’est bien dommage d’avoir réussi à t’accepter mais que la pré ménaupose ne t’ait pas laissé de répit.
    C’est déjà beaucoup d’avoir réussi à accepter son physique. Ce n’est jamais simple de se sentir bien dans son corps. Même si c’est loin d’être comparable, je n’ai pas de cycles mais j’ai accepté cette non part de féminité. Car je le vois ainsi. Et le comble est que je connaîtrais la ménaupose !
    Bref, j’espère que cette étape ne sera pas trop pénible et que tu n’auras pas trop d’effets secondaires.
    Bises.

    • Cloudy dit :

      La féminité est une grande question, qui est toujours venue me questionner violemment…
      La fin ? C’est la réalité, c’est la vie, c’est ainsi.
      Je dois composer avec, je dois être plus forte que cela.
      Nous le savons bien !
      J’espère que ton Zébulon se porte à merveille.
      Douces pensées à vous

  6. gballand dit :

    Votre bilan est émouvant et nous renvoie à chacune d’entre nous.
    La traversée de la vie est souvent douloureuse mais parfois, il y a des haltes et des moments de bonheur…

    • Cloudy dit :

      Vous avez raison, il y a des haltes, plus ou moins longues et fort heureusement d’ailleurs !
      Sinon, que serait la vie ?
      😉
      Joli mai à vous

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