La culpabilité

Nous cheminons depuis de nombreuses années.

Avec la culpabilité.

L’émotion préférée de notre société judéo-chrétienne, l’émotion phare dans ma famille. Un truc qu’on se traine comme un immense boulet et dont j’ai hérité, non sans enthousiasme (quitte à se transmettre des trucs, autant que ce soit bien lourd).

Ma culpabilité a un nom et un visage : burn-in doublé d’un herpès géant. Je recommande.

En allant voir le médecin avec ma gueule d’éléphant man, j’ai espéré secrètement qu’il m’arrête. Un arrêt de quelques jours pour reposer mon corps en pilotage automatique depuis quelques mois, fatigué, tendu, allez je vais le dire, à bout. Lorsqu’il a pris ma tension, vérifié mon état psychique (pas topissime) il a convenu que la meilleure chose à faire en la circonstance, c’était l’arrêt.

Et là patatras. La dame n’assume plus. Le démon posé sur mon épaule droite (le démon est toujours à droite chez moi….) a sorti sa fourche et ses vociférations. Du genre : « tu devrais avoir honte, tu ne bosses pas à la chaine non plus, pense à tes parents (qui ne se sont jamais arrêtés), pense à tes collègues, et le trou de la sécu ?!!! »

Pas hyper constructif.

La culpabilité sert à masquer la réalité.

La réalité de la dépression ancrée, qui fait son retour quelques mois seulement après l’arrêt des médicaments, une dépression tue pour ne pas alerter le Népou, ne pas soucier mes parents. Une dépression dont je ne sors pas, dont je n’arrive pas à parler, que je ne peux pas partager. Je tourne en rond, merveilleusement, avec brio. Je suis dans le mur, j’en ai la certitude mais je suis incapable de sortir du cercle infernal. Faire des choix, prendre des décisions assumées…. je n’y suis pas.

Invariablement, je reviens à mon point de départ. Pourquoi ? Je me sens prête à comprendre.

2016-07-13-19-04-19

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