Impossible de voir de ma fenêtre la ville. Un épais nuage la recouvre depuis plus d’une semaine.
Aller en ville, c’est prendre le risque d’avoir la gorge qui pique et les yeux qui brûlent.
Hier, tandis que je descendais de la montagne pour rentrer chez moi, je me suis sentie infiniment triste.
Était-ce cette pollution qui nous étreint et nous étouffe, le fait de n’être plus en contact avec mes habituels repères : le ciel, la montagne ou bien s’agit-il de l’épais brouillard que je traverse professionnellement depuis des mois et qui me pollue au propre comme au figuré ?
Faire le point avec mes candidats sur leurs potentialités et leurs freins, transmettre des outils, insuffler une énergie, construire un projet dynamisant, je sais faire.
Les inviter au voyage, en leur faisant fermer les yeux pour imaginer ce que serait leur cadre idéal de travail, leur apprendre à se connecter au meilleur d’eux même pour se mettre en chemin, oser, se donner le droit, je sais faire aussi.
Mais curieusement pas pour moi.
Je suis engluée.
Reviennent vers moi les sentiments qui m’ont longtemps portée et dont je m’étais pourtant éloignée : la colère et l’injustice. Ces deux sentiments tracent un sillon dévastateur. Perte de sommeil, réaction cutanée, membres tendus à l’extrême… Je retombe dans un profond mal-être professionnel que je ne connais que trop bien.
Lundi, je changerai de poste à nouveau. Un poste que je ne veux pas, un poste qui ne me correspond pas, un poste qui m’éloigne du sens de mon métier.
Que de changements opérés dans Maison Company en un an. Des recrutements, des démissions, des salariés que l’on change de places, des personnes contraintes, menacées à mots feutrés, des convocations, des promesses non tenues, des colères…
Mon nouveau CV est prêt, frais de ce matin. Je me sens suffisamment armée pour proposer ma compétence et mon savoir faire ailleurs.
La seule chose qui soit absolument claire aujourd’hui, c’est cela. Je suis suffisamment forte pour m’émanciper, pour quitter ce nid qui pendant 10 ans m’a tant portée et tant fait souffrir aussi.
N’est-il donc pas possible d’accompagner, construire, créer avec l’autre sans être toujours enferrée dans des relations toxiques ?
Je veux croire que si.