Un mois que j’occupe mon nouveau poste.
Déjà.
Le temps file incroyablement.
J’ai rencontré chacun de mes collègues individuellement, j’ai fait un point sur nos outils, notre « démarche », j’en ai tiré des objectifs et un plan d’action à faire valider par Vénérable Directrice pour amorcer l’année, sur de nouvelles bases je le souhaite.
Cette prise de poste me demande beaucoup de travail, ce qui est naturel. J’étais loin, cependant, d’imaginer une telle somme de travail, un tel investissement.
Je me retrouve confrontée au stress de mes débuts : le besoin de planifier, de tout maitriser rapidement pour me rassurer, avoir des résultats significatifs rapidement. Car bien sûr être exposée, n’est pas tout à fait anodin.
Depuis un mois, je vois où est ma compétence et où sont mes limites tant techniques qu’humaines.
Si je n’ai pas à manager mes collègues directement, j’ai à animer et piloter des actions et projets dans lesquels ils sont directement investis.
Comme à mes débuts, je mets la barre haute, à mes dépends parfois.
Je touche avec ce nouveau poste, ce qui s’est toujours joué pour moi. Réussir. Comme une revanche.
J’ai toujours rêvé faire de brillantes études, Sciences Po, pour être exacte. Je me rêvais dans la politique (un rêve vous-dis je) ou dans un poste prestigieux intellectuellement. Je me voulais cultivée et « intelligente ». C’est mon métier qui m’a fait comprendre à quel point tout cela est un brin superficiel, c’est aussi ma réalité, qui m’a fait reprendre contact avec la réalité.
En effet, j’ai toujours été une élève relativement moyenne, j’ai toujours dû étudier deux fois plus que les autres pour atteindre des résultats « corrects ». Je ne suis pas aussi cultivée que je le souhaiterais, j’ai abandonné certaines aspirations (et rendu ma carte de parti…) et ce n’est qu’après 10 longues années de terrain que j’ai franchi le Rubicon.
Lâcher du lest, me traiter en bienveillance, ne pas me laisser envahir par des demandes que ma fonction ne me permet pas de traiter, renvoyer chacun à ses responsabilités individuelles et collectives, tel est l’enjeu.
Je touche du doigt parfois, un sentiment proche de la jouissance, parce que je m’éclate. Je réfléchis, je crée, j’avance. Puis à d’autres moments, je suis proche du désespoir. Nos objectifs, dans le contexte actuel, me semble intenables et hypocrites. Nous faisons face, où que nous soyons sur le terrain à une crise, celle que vivent les entreprises et au désarroi de nos candidats. Lesquels sont de plus en plus éloignés de l’emploi, de plus en plus abîmés par la recherche, par ce que renvoient les institutions.
Œuvrer dans le secteur de l’emploi aujourd’hui est un leurre.
Je te rejoins dans ce que tu dis… moi j’en suis entre éspoir et désespoir… mais je travaille beaucoup sur moi même car ce n’est pas facile de diriger une équipe… Depuis quelques jours, je suis à la maison en arret maladie pour une crise d’arthrose… qui me permet de me reposer et de faire le point sur moi… Vais-je tenir ? Je n’en sais rien. Mais je ne voudrais pas baisser les bras et faire plaisir à certains, qui seraient bien trop content que je m’en aille..
Un jour, je serais « jardinière d’enfants » et cette seule pensée me fait tenir…. Je me dis que si j’arrive à m’occuper d’un groupe d’adultes, je peux le faire avec des enfants…
Courage. On va y arriver.
Bises
Je retrouve beaucoup des sensations ressenties lorsque j’ai été retenu pour occuper un poste à responsabilités. Notamment ce désir de maîtriser tout, y compris l’aléatoire ou ce qui ne m’incombait pas. J’ai appris à (un peu) lâcher prise, mais je sais bien qu’un tel poste expose à être toujours dans un relatif inconfort… qui est, par là même, un stimulant pour faire mieux. C’est à la fois l’intérêt de ce genre de postes et sa limite.
Tu dis qu’oeuvrer dans le domaine de l’emploi est un leurre. Je dirais que c’est un sacerdoce 😉
Je me dis aussi que chacun agit à sa mesure et que ce sera toujours mieux que de baisser les bras. Il y a une phrase qui dit à peu près : « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils ont réussi ». J’aime bien 🙂
Merci pour vos messages à tous les 2
Merci Folène de revenir ici, je suis à la fois heureuse de te lire et ce partage me fait du bien.
Bien sûr que nous allons y arriver !
Prends soin de toi
Des biz
Pierre, tu me rassures sur certains points 🙂
Ton expérience m’apporte, je t’en remercie
Un sacerdoce, peut être.
Dévorant !
Œuvrer dans le secteur de l’emploi ? A vous lire c’est plutôt dans le secteur du non emploi, et là où nous en sommes il faut inventer, bricoler, et curieusement j’en reviens à ce qui se proposait il y a quelques années, sur les actions TRACE par exemple. Elargir au delà de l’emploi, dans l’attente que ce soit possible pour certains, élargir au sens projet de vie plus que projet professionnel en utilisant au mieux les dispositifs d’aide, pour que chacun est au moins le minimum. Je suis d’accord avec « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils ont réussi ».
J’aime bien ce post même si il est difficile. Je ne peux pas dire que j’en apprends sur toi, rien ne m’étonne dans ce que je lis de tes aspirations et de ton désir de tout maîtriser (ce que je partage avec toi).
Pourtant je n’ai jamais rêvé de faire de grandes études, au grand désespoir de mes profs et même de mes parents, non moi à l’époque des workingirl, je ne rêvais que de me marier, de fonder une famille et surtout mon unique but était d’être heureuse………Cela peut sembler idiot, ça semblait idiot à ceux qui m’entouraient à l’époque, pas d’ambition disaient-ils, pas d’envie de carrière ! Et bien non je voulais être utile dans ma famille, dans ma rue, dans ma vie. Et me cultiver encore et encore, apprendre, comprendre, pour moi sans doute mais aussi pour rendre la vie plus belle.
J’espère au moins que tout ceci, ce nouveau post, ces nouvelles responsabilités vont t’épanouir et t’apporter du bonheur.
Gros bisous doux à toi
La notion de réussite (et d’ambition) est toute relative. Je ne suis pas certaine de pouvoir lui donner une définition aujourd’hui.
Il me semble que l’essentiel est de suivre sa voie. Tu as suivi la tienne, elle est plus qu’honorable et ne saurait être critiquée.
J’ai suivi la mienne, à ma façon, je sers mon prochain, modestement…
T’embrasse