Crash test

C’est ma première réunion d’équipe depuis ma prise de fonction.

Je la mène seule car Vénérable Directrice est en vacances. Et moi j’aime bien quand Vénérable Directrice est là. D’abord parce qu’elle a un regard encourageant et ensuite parce qu’elle a une manière de poser le cadre, bien à elle, du genre qui ne se conteste pas.

Il y a un peu de stress. Le regard de l’autre, l’appréciation de l’autre… Ces considérations anodines mais pas tant que cela finalement.

Je me suis autorisée à changer la configuration de la salle de réunion, j’ai rapproché toutes les tables afin de créer un ilot central et non plus des tables disposées en U.

Je déroule mon petit programme, déroule les sujets, distribue la parole, prends des notes.

Tout se passe bien, jusqu’à ce que l’on évoque LE sujet, celui qui crispe tout le monde, celui qui cristallise. Il n’est pas amené par moi. J’avoue que je l’aurais pas présenté tel que cela a été fait mais c’est ainsi, par ailleurs, je n’ai pas eu le temps de me caler avec la porteuse de projet.

Et là c’est le bouzou complet. Je tente de reprendre les commandes mais impossible. On s’énerve, on s’excite et moi aussi.

Je me sens attaquée, je ne sais pas pourquoi. Je monte le ton (et le son qui va avec).

C’est drôle la vie d’une équipe, c’est curieux de voir un processus monter, atteindre son paroxysme puis redescendre. Nous sommes des professionnels, adultes, nous nous respectons professionnellement mais il y a des moments de décrochage où la colère s’exprime et ressortent des tensions irrésolues, des contentieux jamais vraiment réglés.

Et cette histoire, qui n’est finalement pas grave, prend des proportions qui me dépassent et que je n’arrive pas à gérer. Professionnellement, émotionnellement. Il me faut « relire » la scène pour prendre le recul nécessaire, une amie m’y aide. Mais ce n’est pas suffisant.

Le poids est présent, récurrent et pour tous. Je ne comprends pas que l’on s’emporte pour quelque chose qui me semble non pas anodin mais pas si grave.

Le grave, je le sais, n’est pas là.

Je commençais à me sentir bien, voire très bien dans mon poste, à me reconnecter à cette part de moi, qui s’était un peu diluée dans la fonction que j’occupais jusque là.

Il m’a manqué la confiance, le calme intérieur, le soutien, la prise de recul.

Il me manque une « supervision » en dehors de ma structure, avec une personne « extérieure ».

A vouloir être partout, on ne produit à mon sens que du superficiel.

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9 réflexions sur “Crash test

  1. Mélodie dit :

    C’est la fonction de ta psyfée. Laisser dans le domaine du professionnel ce qui concerne le professionnel, ne pas y jouer de l’intime. Moi je suis très joueuse! J’en suis encore là avec ma colère (gloups) contre cette collègue, une colère terrible qui me souffle « vengeance ». Lui,il m’a protégée en m’exhortant de ne pas passer à l’acte (se rendre chez l’inspecteur) et en me conseillant d’en parler en séance pour réfléchir ce qui s’y joue.
    Pour l’instant ça reste en suspens…mais je pense qu’en évoquant la féminité, la sexualité on y arrivera par le thème de la rivalité. Tout ce qui concerne la naissance d’une petite fille, son papa, sa maman. Je crois bien qu’on rejoue ces choses là au travail.
    J’aime ce que tu relates ici.

  2. folène dit :

    J’ai vécu cette situation il y a deux semaines avec mon équipe… Pas la force, pas l’envie… j’ai laissé murir deux jours ma colère et je suis revenue à la charge toute calme. En exposant les faits, reprenant les peurs et les angoisses des uns et des autres… Eux aussi avaient pris du recul, et on a pu rediscuter du Projet qui fait mal… mais j’ai l’impression qu’on a un peu avancé. Ce n’est pas gagné, mais moi en tout cas, je me sens mieux.
    L’attaque personnelle que j’ai pris pour moi, était tournée vers mes dirigeants, ceux qui ont décidé du projet et que je dois porter auprès de mon équipe. Dans ce genre de boulot, il faut avoir une bonne carapace ou un costume que l’on quitte le soir quand on rentre chez soi… Moi je n’ai pas encore la bonne carapace et souvent, je souffre beaucoup du rôle que je dois jouer…
    Bon courage à toi. Pleins de pensées

    • Cloudy dit :

      Merci Folène pour ce partage d’expérience qui m’aide. Tu es dans une approche pédagogique, tandis que je cherche encore mes marques et des solutions pour apaiser les esprits, ce qui ne me semble pas gagné d’avance.
      Je t’embrasse

  3. sarah dit :

    Oh là là, j’ai senti la tension monter en lisant ton billet / compte-rendu de réunion… comme si j’y étais, comme si c’était moi… quand tout d’un coup ce qu’on croyait maîtriser part en vrille… 😦

    Sur « l’analyse » je rejoins Mélodie…Ce qui se joue est souvent assez éloigné de l’ici et maintenant… alors quand il s’agit d’un groupe de personnes tout cela est multiplié! Et un point très positif : il semble que tu sais exactement ce qui t’a fait défaut, et ça c’est un atout énorme 🙂

    De grosses bises Cloudy.

  4. Antoine dit :

    « A vouloir être partout, on ne produit à mon sens que du superficiel »

    Tout à fait en accord avec vous ….

  5. Anouchka dit :

    « Il m’a manqué la confiance, le calme intérieur, le soutien, la prise de recul. » Je n’ai pas d’expérience professionnelle mais c’est ce que je ressens dans ma vie quotidienne…………. Toute notre vie nous chercherons ce recul, de calme intérieur, ha je connais ça.
    Bon courage ma douce, bises douces elles aussi

En direction du Cloudy World

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