Aux mains abîmées, aux visages burinés, aux dos courbés, aux yeux fatigués de ne plus dormir
Des cadres, avec des CV sur 3 pages, des « primo-arrivants » sans CV
Qui veulent faire « n’importe quoi »
Qui ne souhaitent pas brader leurs compétences
Qui viennent accompagnés par la femme nouvellement épousée qui traduit la conversation ou qui ne peut rester seule à la maison, par un ami qui héberge, par la mère qui a besoin de savoir ce que l’on conseille « à son enfant »
Qui vivent seuls ici et envoient de l’argent là bas
Qui sont célibataires et qui en crèvent
Qui ont composé une puis deux familles et qui doivent payer les pensions alimentaires
Qui sont seuls avec leurs enfants et qui doivent composer
Qui sont venus pour se marier
Qui sont hébergés ou habitent en camping et qui ont honte
Qui ont besoin d’aide pour un CV, pour une lettre, pour trouver une formation, pour travailler immédiatement car il y a urgence, qui sont indemnisés et qui peuvent attendre (un peu)
Qui ne lâchent rien de leur souffrance parce qu’ils ont leur fierté, qui se répandent dans le bureau car il faut être « fort » devant les enfants, devant Madame qui met la pression, qui craquent et osent laisser couler leurs larmes car tout devient insurmontable
Qui ont besoin qu’on leur tienne la main dans chacune de leurs démarches, qui courent dans tous les sens, connaissent toutes les administrations, font la queue des heures à l’accueil de la Préfecture sans décrocher le précieux sésame, sans jamais se décourager, ni renoncer
Qui ont besoin de tester leur potentiel de séduction sur leur conseillère emploi…
Qui ont oublié de s’habiller correctement, de se peigner, de se laver, se désodoriser, se parfumer
Qui viennent un brin alcoolisés, qui ont trop fumé (du truc qui fait rire ou qui assomme grave)
Qui ont préparé le rendez-vous comme des malades, comme s’il y avait un enjeu
Qui ont une énergie folle, débordante, dont on sait qu’elle sera un formidable moteur
Qui ont une image tellement dépréciée d’eux mêmes qu’on sait que le travail de reprise de confiance sera long
Qui pensent qu’ils ne valent rien, que personne ne voudra d’eux, qu’ils sont « finis »
Qui ont un ego tellement surdimensionné que ça frise le risible
Qui travaillent d’arrache-pied, reprennent des études, se lèvent aux aurores, se rendent au boulot à vélo par tous les temps
Pendant que la femme se tue à la tâche, ou bien glande devant la TV, ou bien achète des fringues de marques aux enfants alors qu’ils ne peuvent pas se le permettre
Ils cherchent auprès de moi une méthode, du cadre, une écoute attentive et bienveillante, que je les booste ou que je les « porte »
Certains voient en moi une accompagnatrice, une représentante de (l’injuste) Institution, parfois à la marge une grande sœur
Mais tous, et chacun à sa manière, terriblement attachants…
Oh il est chouette ce billet, miroir d’un que tu avais rédigé sur les femmes.
Chouette et en même temps bbbbbrrrrhhhh il me fait frissonner.
J’espère que tu vas mieux et que tu vas passer un chouette WE.
Des bisous
Je voulais en effet, faire un écho à l’autre billet. Je n’ai malheureusement pas trouvé une photo pour l’accompagner. Il s’agit de décrire ici une part de ma réalité quotidienne.
J’espère que tu vas bien et que vous allez profiter du beau we qui se profile.
Je t’embrasse, plein de pensées 🙂
Merci beaucoup pour ce billet où tu nous montres la réalité et celle des gens qui viennent à toi.
C’est à la fois très réaliste, mais surtout pétri de toute ton humanité.
Je t’admire.
Espérant aussi que tu trouves par ailleurs des lieux de ressourcement, de confiance et d’espérance.
Merci à toi pour ton passage ici.
Surtout pas d’admiration, hein, je n’en suis pas là !
Très beau we :))
C’est toujours terriblement bouleversant quand tu parles de ton travail….
des bisettes de Lyon… 🙂
Oh…
Belle fin de séjour : enjoyyyyy 😉
C’est toujours très beau ce que tu écris à propos de ceux que tu conseilles. J’en ai été remuée, émue au plus profond de moi. Surtout continue, je suis sûre que tu es utile.
Oups, voilà qui est trop pour moi…
Merci beaucoup!
Utile un peu je l’espère…
Très beau we :))
Hélas…. Je ne les trouve plus attachants….
Le cadre dans lequel tu travailles est aussi violent pour les agents que pour les demandeurs. C’est un cadre d’une violence extrême das lequel cette art d’humanité est diluée. Je crois à la proximité, celle qui créée du lien pour faire ressortir tant les compétences que les qualités que les gens à force de tarte dans la gueule ne voient plus.
Pour le moment, bien que ma condition de travail ne cesse de changer, je me sens très protégée. Il y a des moments où je ne peux plus regarder la misère et ses multiples visages. Pour autant, je crois en ce que je fais. Et puis, contrairement à toi, j’ai le temps pour accompagner mes demandeurs. J’arrive à les connaitre. J’en connais certains depuis plusieurs années, cela crée forcément des liens. J’allais dire, cela rapproche.
Ne baisses pas les bras Moune ! Ton regard, ton approche sont utiles.
T’embrasse
mais oui Cloudy il y a tellement d’humanité, d’observation fine et sensible de l’Humain dans ton regard… les « détails » que tu donnes sont si justes et essentiels…
je te souhaite un doux week-end ressourçant.
Un week end mode Namoureux, donc ça va 😉
Merci pour tes passages ici et tes messages emprunts de douceur à mon égard.
Beau dimanche
Quand je te lis, j’entends ma fille aînée, vous faites je crois un métier bien similaire….oui les souffrances sont là et bien prégnantes …hélas dans cette société faite de parâitre à défaut d’être, les plus humbles se sentent encore plus démunis…Misère !!!! que faire ….à quand le grand chambardement….
décompresse ils ont besoin de toi …
très bon Week end
des bisous
Je t’admire encore et toujours…………..
Bisous doux ma belle, j’espère que tu vas mieux
Bien sûr que non !
Je laisse paraitre ici des choses qui ne sont pas. JE fais JUSTE mon job Anne.
Je t’embrasse ainsi que ton attachante fille 😉